vendredi 30 décembre 2011

Mon travail, que vous compreniez un peu ce que je fais

Bonjour public, et je dirai même "Xin chào!" (z'avez vu, ça y est, je parle vietnamien!)


Aujourd'hui je vais vous expliquer un peu mon travail. Ca n'est pas forcément très simple, moi-même j'ai mis un certain temps à comprendre ce que je faisais là et pour qui je travaillais (ça m'a pris une bonne semaine). Vous allez voir, on est pas sorti de l'auberge et si vous captez pas tout, je ne vous en voudrais pas. Je vais essayer de faire simple.

Je bosse donc chez SPIN, alias Sustainable Product Innovation Project, une organisation à but non lucratif qui essaie de promouvoir des concepts tels que "développement durable", "écologie", "commerce équitable" au Vietnam. Ce sont des notions qui ne sont pas forcément la priorité du jour dans un pays qui est en plein développement, et en même temps comme tout est en train de se créer à vitesse grand V, c'est le bon moment pour essayer de mettre en place les choses correctement!
On travaille avec plein de compagnies de tailles diverses, en essayant de préserver les savoir-faire artisanaux ou d'inventer de nouvelles techniques.
Par exemple, aider les artisans du village des céramistes en leur faisant des designs un peu modernes qui se vendront mieux localement et à l'export, encourager ceux qui ont eu l'idée de traiter les joncs d'eau douce (du chiendent local) pour en faire de la vannerie au lieu de le brûler, promouvoir des agriculteurs qui cultivent sans pesticides ou avec des produits naturels... Il y a plein de projets divers et variés, c'est assez intéressant.

SPIN dépend du VNCPC, le Vietnam Cleaner Production Center, une organisation non-gouvernementale qui travaille avec une tripotée d'autres ONG, par exemple l'UNIDO, une branche des Nations Unies dont le but est de promouvoir une industrie responsable dans les pays en développement. SPIN et VNCPC lancent des programmes en collaboration avec l'université des sciences de Delft, ce qui explique pourquoi on a trois ou quatre néerlandais dans le bureau, ainsi qu'avec l'AIT, un autre organisme d'industrie vietnamien (vous commencez à comprendre pourquoi je suis toujours un peu larguée au niveau du "qui fait quoi" dans nos projets). Je vais vous passer tous les partenariats et autres parce que sinon on ne s'en sortira jamais.

VNCPC et par conséquent SPIN sont installés dans les locaux de l'université des sciences de Hanoï. C'est donc mon lieu de travail, et, outre que c'est à 10 minutes à pied de chez moi, c'est assez agréable d'être sur le campus parce que c'est relativement calme. Voire très très calme en fait, surtout au 6ème étage du bâtiment de la bibliothèque où nous sommes. Vous ne vous en rendez pas compte, mais du calme, ici, en plein centre de Hanoï, c'est juste le grand luxe suprême... (si on excepte le fait que dès l'ouverture du bureau, tous mes collègues vietnamiens se jettent sur les fenêtres pour les ouvrir en grand, ce qui créé un courant d'air infernal alors qu'il fait à peine 14 ou 15° dehors. Travailler en manteau comme ils le font tous, et moi aussi du coup, c'est un concept. J'espère juste qu'ils vont arrêter quand il va faire vraiment froid...)

Pour que vous puissiez voir un peu, je vous mets quelques photos:

Le bâtiment de la bibliothèque, donc, digne fleuron de l'architecture moderne locale un tantinet pesante. Par ailleurs, comme vous pouvez voir, il fait un temps quelque peu brumeux ces jours-ci. 


Le hall d'entrée : on passe des tourniquets et on arrive dans cet immense hall dont le puit central monte sur 6 étages. 

A mon étage, il y a une grande esplanade probablement pour les cérémonies officielles, le tout dans un gris brun extrêmement jovial comme tout le reste du bâtiment. Mon bureau est sur le côté au fond à gauche. 
Bref concrètement, je fais quoi ?

SPIN a plusieurs programmes sur le grill. Le premier c'est le "Green Office", un bureau destiné à montrer les programmes équitables, à recevoir des bureaux, à servir de showroom ; ce sera un 4ème étage rajouté par-dessus le bâtiment de l'AIT avec une conception la plus écolo possible. Astrid travaille dessus, et je suis chargée de créer l'identité visuelle plus toute la communication qui va aller avec.

C'est en travaillant sur ça que j'ai mis le doigt sur les profondes différences qui règnent entre ce que perçoit le futur public vietnamien et ma conception des choses. Entre autres recherches, j'ai dessiné une tripotée de logos sur mon carnet de travail. L'un d'eux était un phénix : oiseau symbole du Vietnam, cyclique par sa nature "renaît de ses cendres", ça me paraissait une idée intéressante à creuser. Une de mes petites collègues vietnamiennes a jeté un oeil sur ce que je faisais, elle est venue s'assoir à côté de moi et m'a expliqué un tas de choses.
A savoir: le phénix est ici un symbole de pouvoir pour les femmes. Les reines, concubines et autres dames de la haute société se les faisaient broder sur leurs vêtements ou leurs bijoux, alors que les hommes avaient des dragons. Sinon, de nos jours, ce sont plutôt les membres de la pègre qui se font tatouer des phénix enflammés, donc ça n'est pas nécessairement positif comme image. (Bon après la discussion est partie en sucette sur le festival de Cannes et les actrices locales mais c'est une autre histoire).

Du coup... ben du coup... ben mon idée tombait complètement à l'eau puisque ce phénix n'a donc pas du tout la même signification dans ma tête que dans la leur. C'est là que je me suis rendue compte que j'avais ô combien eu raison quand j'ai dit à mes collègues, dès le début, de ne pas hésiter à m'arrêter si je pataugeais dans un truc qui ne voulait rien dire pour eux, vu que nous n'avons pas du tout les mêmes références de couleurs, de symboles, de formes, etc.

C'est donc extrêmement intéressant pour ce qui est de l'ouverture d'esprit et la remise en question de tout ce que j'ai acquis jusqu'à maintenant. J'ai d'autres projets sur lesquels je vais également travailler, et je m'aperçois que j'ai tout à apprendre des codes de communication dans ce pays. Au moins je ne vais pas m'ennuyer!


PS: dis-moi, commentateur nommé MegaMaxPlus, qui es-tu en vrai?

5 commentaires:

  1. Alors comme ça tu as réussi à percer presque toutes les identités secrètes de tes lecteurs ^^
    Quelle perspicacité !

    Sinon le tatouage de phénix enflammé c'est super classe, moi aussi j'aimerais en avoir un^^
    Et plus sérieusement, je trouve très intéressant tous ces détails sur les symboles.

    Si ça peut te rassurer, ton lieu de travail est très gai comparé au mien, avec sa décoration mélangée style administratif/bâtiment des années 70 ou 80/bon goût des centres informatiques.

    Bisous

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  2. Un fou dégénéré pervers psychopathe déguisé en clown maléfique qui rit à la pleine lune. Et sinon, un simple lecteur curieux, notamment adepte d'oeuvres totalement palpitantes découvertes grâce à messire Le Donge =)

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  3. Sans vouloir vous offenser monsieur MaxPlus, si il y a un clown sur ce blog, jme casse !

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  4. Bon commencez pas les enfants hein, je raconte déjà assez de gaudrioles sur ce blog, vous allez pas vous y mettre aussi!

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  5. Effectivement ça doit être assez déroutant de devoir ainsi tout réapprendre!
    C'est un peu austère tous ces bâtiments quand même.
    Multiples bises pour la nouvelle année!

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