vendredi 30 décembre 2011

Mon travail, que vous compreniez un peu ce que je fais

Bonjour public, et je dirai même "Xin chào!" (z'avez vu, ça y est, je parle vietnamien!)


Aujourd'hui je vais vous expliquer un peu mon travail. Ca n'est pas forcément très simple, moi-même j'ai mis un certain temps à comprendre ce que je faisais là et pour qui je travaillais (ça m'a pris une bonne semaine). Vous allez voir, on est pas sorti de l'auberge et si vous captez pas tout, je ne vous en voudrais pas. Je vais essayer de faire simple.

Je bosse donc chez SPIN, alias Sustainable Product Innovation Project, une organisation à but non lucratif qui essaie de promouvoir des concepts tels que "développement durable", "écologie", "commerce équitable" au Vietnam. Ce sont des notions qui ne sont pas forcément la priorité du jour dans un pays qui est en plein développement, et en même temps comme tout est en train de se créer à vitesse grand V, c'est le bon moment pour essayer de mettre en place les choses correctement!
On travaille avec plein de compagnies de tailles diverses, en essayant de préserver les savoir-faire artisanaux ou d'inventer de nouvelles techniques.
Par exemple, aider les artisans du village des céramistes en leur faisant des designs un peu modernes qui se vendront mieux localement et à l'export, encourager ceux qui ont eu l'idée de traiter les joncs d'eau douce (du chiendent local) pour en faire de la vannerie au lieu de le brûler, promouvoir des agriculteurs qui cultivent sans pesticides ou avec des produits naturels... Il y a plein de projets divers et variés, c'est assez intéressant.

SPIN dépend du VNCPC, le Vietnam Cleaner Production Center, une organisation non-gouvernementale qui travaille avec une tripotée d'autres ONG, par exemple l'UNIDO, une branche des Nations Unies dont le but est de promouvoir une industrie responsable dans les pays en développement. SPIN et VNCPC lancent des programmes en collaboration avec l'université des sciences de Delft, ce qui explique pourquoi on a trois ou quatre néerlandais dans le bureau, ainsi qu'avec l'AIT, un autre organisme d'industrie vietnamien (vous commencez à comprendre pourquoi je suis toujours un peu larguée au niveau du "qui fait quoi" dans nos projets). Je vais vous passer tous les partenariats et autres parce que sinon on ne s'en sortira jamais.

VNCPC et par conséquent SPIN sont installés dans les locaux de l'université des sciences de Hanoï. C'est donc mon lieu de travail, et, outre que c'est à 10 minutes à pied de chez moi, c'est assez agréable d'être sur le campus parce que c'est relativement calme. Voire très très calme en fait, surtout au 6ème étage du bâtiment de la bibliothèque où nous sommes. Vous ne vous en rendez pas compte, mais du calme, ici, en plein centre de Hanoï, c'est juste le grand luxe suprême... (si on excepte le fait que dès l'ouverture du bureau, tous mes collègues vietnamiens se jettent sur les fenêtres pour les ouvrir en grand, ce qui créé un courant d'air infernal alors qu'il fait à peine 14 ou 15° dehors. Travailler en manteau comme ils le font tous, et moi aussi du coup, c'est un concept. J'espère juste qu'ils vont arrêter quand il va faire vraiment froid...)

Pour que vous puissiez voir un peu, je vous mets quelques photos:

Le bâtiment de la bibliothèque, donc, digne fleuron de l'architecture moderne locale un tantinet pesante. Par ailleurs, comme vous pouvez voir, il fait un temps quelque peu brumeux ces jours-ci. 


Le hall d'entrée : on passe des tourniquets et on arrive dans cet immense hall dont le puit central monte sur 6 étages. 

A mon étage, il y a une grande esplanade probablement pour les cérémonies officielles, le tout dans un gris brun extrêmement jovial comme tout le reste du bâtiment. Mon bureau est sur le côté au fond à gauche. 
Bref concrètement, je fais quoi ?

SPIN a plusieurs programmes sur le grill. Le premier c'est le "Green Office", un bureau destiné à montrer les programmes équitables, à recevoir des bureaux, à servir de showroom ; ce sera un 4ème étage rajouté par-dessus le bâtiment de l'AIT avec une conception la plus écolo possible. Astrid travaille dessus, et je suis chargée de créer l'identité visuelle plus toute la communication qui va aller avec.

C'est en travaillant sur ça que j'ai mis le doigt sur les profondes différences qui règnent entre ce que perçoit le futur public vietnamien et ma conception des choses. Entre autres recherches, j'ai dessiné une tripotée de logos sur mon carnet de travail. L'un d'eux était un phénix : oiseau symbole du Vietnam, cyclique par sa nature "renaît de ses cendres", ça me paraissait une idée intéressante à creuser. Une de mes petites collègues vietnamiennes a jeté un oeil sur ce que je faisais, elle est venue s'assoir à côté de moi et m'a expliqué un tas de choses.
A savoir: le phénix est ici un symbole de pouvoir pour les femmes. Les reines, concubines et autres dames de la haute société se les faisaient broder sur leurs vêtements ou leurs bijoux, alors que les hommes avaient des dragons. Sinon, de nos jours, ce sont plutôt les membres de la pègre qui se font tatouer des phénix enflammés, donc ça n'est pas nécessairement positif comme image. (Bon après la discussion est partie en sucette sur le festival de Cannes et les actrices locales mais c'est une autre histoire).

Du coup... ben du coup... ben mon idée tombait complètement à l'eau puisque ce phénix n'a donc pas du tout la même signification dans ma tête que dans la leur. C'est là que je me suis rendue compte que j'avais ô combien eu raison quand j'ai dit à mes collègues, dès le début, de ne pas hésiter à m'arrêter si je pataugeais dans un truc qui ne voulait rien dire pour eux, vu que nous n'avons pas du tout les mêmes références de couleurs, de symboles, de formes, etc.

C'est donc extrêmement intéressant pour ce qui est de l'ouverture d'esprit et la remise en question de tout ce que j'ai acquis jusqu'à maintenant. J'ai d'autres projets sur lesquels je vais également travailler, et je m'aperçois que j'ai tout à apprendre des codes de communication dans ce pays. Au moins je ne vais pas m'ennuyer!


PS: dis-moi, commentateur nommé MegaMaxPlus, qui es-tu en vrai?

mardi 27 décembre 2011

La cérémonie de remise de prix de bambou

Chers vous tous,

Ce soir je suis dans un état de paix et béatitude comme rarement depuis arrivée : j'ai le ventre bien plein et je me couche tôt, les deux ne s'étant pas produit une fois depuis notre débarquement.
Il y a un bia'hoi (bar restaurant de rue, "bia" signifiant "bière") juste à côté de chez nous, au bord du lac, où on commence à être bien connus. La preuve: depuis hier, les prix ont baissé de moitié soudainement, on paye maintenant nos bières quelque chose comme 7000 dongs au lieu de 15000, ce qui fait de la bière à 20 centimes environ. Ce soir nous nous sommes goinfrés d'omelette, de frites, et d'une fondue locale, soit une casserole de bouillon assaisonné dans lequel on fait cuire de la viande et des tas de légumes plus des nouilles, ce qui vous cale bien l'estomac.
Je me suis rendue compte qu'en fait je ne mangeais vraiment pas grand chose, ce qui explique, en plus d'avoir été malade, pourquoi je suis maintenant au dernier cran de ma ceinture (chose qui n'a pas dû m'arriver depuis mes 17 ans). Maintenant que je commence à comprendre vaguement les cartes des restaurants, ce que je peux manger, que je bafouille de l'anglo-vietnamien pour commander et que je ne suis plus malade, j'ai bien l'intention de me remplumer!

Linguistiquement je fais des progrès indéniables : je sais demander à manger, des bières, un cendrier, les toilettes, compter jusqu'à quatre-vingt-dix neuf, demander les prix dans les magasins, dire que c'est trop cher. Le nécessaire vital quoi...

Sinon quoi de neuf ? Ha oui il faut que je vous raconte ma première cérémonie officielle. Hier soir, nos petites collègues vietnamiennes nous ont embarqué sur leur scooter pour aller voir une expo. Au début je n'avais pas bien suivi, je croyais qu'il s'agissait d'une expo de petites fabrications en bambou, et que ce serait vite fait. Grossière erreur ma pauvre Georgette!

Déjà quand on est arrivé, il y avait une scène, des projecteurs, une fanfare militaire et tout le tremblement. D'après ce que j'ai compris (mais c'est resté un peu obscur à mes yeux), il y avait eu un grand concours sur le thème de l'artisanat du bambou, et c'était donc la remise des prix à l'occasion de l'ouverture de l'exposition, avec cérémonie officielle. D'après mes collègues, ici, on aime beaucoup les cérémonies officielles.

Ca a commencé par un spectacle de danse avec des vêtements "traditionnels" assez flashy, et des chansons diverses. C'était assez drôle à voir, surtout la partie chant : à chaque fois les chanteurs prennent l'air hyper inspiré, ils marchent sur scène avec les yeux levés au ciel en extase, en faisant des petits pas gracieux, en agitant lentement les mains avec componction. Si ça se trouve, c'est tout à fait approprié aux chants, mais comme je ne comprends évidemment rien aux paroles... En fait la musique ressemble à de la pop bien commerciale, donc ça fait un contraste assez cocasse: c'est comme si je vous passais une vidéo du "Lac des Cygnes" mais avec "René la taupe" en fond sonore, pour vous donner une idée...



Le spectacle fini, la partie des discours s'est mise en route et là j'ai eu un peu du mal. Beaucoup de blablas, de congratulations, une énumération des objets produits un par un (j'ai cru que ça n'en finirait jamais), de remise de prix, de remise de fleurs, de gens qui montaient sur scène, qui redescendaient de scène, d'autres qui montaient, des fleurs à nouveau, etc, etc.

Comme c'était franchement looooooong, surtout quand on ne comprend pas un traître mot de ce qui se raconte pendant les discours, je me suis mise à regarder tout autour, c'était plus rigolo.

Juste à ma droite, il y avait la fanfare qui jouait un petit "zip poum poum"à chaque remise d'un prix, et on a eu une scène d'anthologie : à la fin d'un air triomphal, un des musiciens s'est trompé et a joué 2 notes en plus. Drame! Le chef d'orchestre est devenu tout rouge, les musiciens ont tous rentré la tête dans les épaules, on aurait dit qu'il allait faire une attaque. Horreur, l'orchestre avait perdu la face!  Le chef a commencé à brandir sa baguette sour le nez du fautif en lui disant à voix basse des trucs qui devaient pas être aimable vu sa tête, j'ai bien cru qu'il allait la lui faire manger, sa baguette!
On se serait cru dans la scène de la "Grande Vadrouille", quand De Funes s'énerve à l'Opéra parce que les deux musiciens au fond n'arrêtent pas de discuter...

Tout à gauche sur la photo, le chef d'orchestre un tantinet tendu après cet intermède de honte absolue due au trompettiste, ce petit jocrisse n'ayant probablement dû sa survie qu'à la présence du public autour. 

Sur le côté, les filles qui remettaient les fleurs à chaque fois n'arrêtaient pas de se pousser du coude en se dandinant, il y en a une qui a failli perdre son pantalon vu que la suivante a marché dessus, une petite fille a commencé à courir sur scène après avoir échappé à ses parents, idem pour un chien qui s'est fait courser par la sécurité, tout autour de nous ça déplaçait les chaises allègrement pour s'installer à côté de ses potes, bref, un certain souk dans l'assemblée.

Après des tas de fleurs, de remises de prix, de choses indéterminées pour moi, le tout ayant duré quand même une bonne heure et demie, l'inauguration officielle: un énorme ruban rouge tenu par plusieurs hôtesses, coupé par cinq personnes en même temps (probablement le jury ou les vainqueurs mais je suis pas sûre d'avoir bien suivi).

Et tout le monde commence en même temps, hein, le découpage. Attention, on rigole pas avec ces choses-là. 

On a enfin pu accéder à l'exposition elle-même. Il y avait un savant mélange entre des objets traditionnels, tels que des chapeaux coniques variés suivant les métiers, des nasses pour les poissons, des sacs de transports, et même des instruments de musique. De l'autre côté, les objets créés pour le concours, des lampes, des meubles, et même des créations artistiques dont certaines vraiment épatantes. Je n'avais pas pris mon appareil photo donc j'ai peu de choses à vous montrer, mais voici quelques clichés pris avec mon téléphone :

Bon on visualise peut-être pas bien là, mais la boite devait faire à peine quelques centimètres, c'est vraiment très méticuleux comme travail. 


Pas mal de lampes en bambou tressé, ça fait vraiment de jolis effets de lumière. On aime ou pas, mais ça change tellement agréablement des néons hélas omniprésents... 


Vu la qualité de la photo c'est pas évident à voir, la finesse des petits bas-relief de la cage et de l'oiseau qui sert de poignée en haut était juste épatante.  

Après la batterie du téléphone a menacé de lâcher aussi, donc je n'ai pas plus de photos. En même temps vu qu'il faut 20 minutes à chaque fois pour en charger une...

Bref, sur ce, je vous abandonne lâchement pour aller dormir, il n'est même pas 23h et je vais me faire une bonne grosse nuit de sommeil. Dormez bien tous, et à très vite!




lundi 26 décembre 2011

Mon Nowel

Chers vous tous,

J'espère que vous passez de bonnes fêtes, vous devez être encore plus ou moins sortis de table à cette heure-ci. Vous êtes en train de digérer (ou pas) votre dinde, votre foie gras et vos buches de Noël, bande de petits chameaux...

De notre côté, malgré le retour tardif de la bande, nous avons fait notre dîner de Noël avec tout le groupe de français de Batik : barbecue de gambas et de poisson sur la terrasse, distribution des cadeaux et tout ça. Bon c'était un peu étrange, ça faisait pas très très esprit de Noël du fait qu'on était sans nos familles, mais on en a profité quand même (pis j'ai eu des cadeaux alors voilà quoi).

J'en profite pour vous montrer la cathédrale Saint Joseph, que je trouve assez... pittoresque, dirons-nous, d'un point de vue architectural, et la crèche géante tout en carton mâché qui se trouve devant.



De nuit c'est encore mieux, il y a des néons de toutes les couleurs, des croix et des étoiles en lumière qui clignotent sur la façade, une fontaine qui coule sur le côté de la crèche avec des lumières mouvantes, et de la musique de Noël vietnamienne qui rugit dans les hauts-parleurs!




En me levant ce matin, le 25 donc, je dois avouer que je ne me sentais pas trop dans "l'esprit de Noël". En même temps, quand j'ai ouvert mes volets, il faisait 20°, grand soleil et je voyais l'arbre en fleur du voisin. Très agréable, mais pas très "Vive le vent d'hiver" tout ça :
"Mon beau sapin, roi des... euh, hum, pas trop hein?"



Cet après-midi, on est allé se ballader dans le vieux quartier à Hoan Kiem. Il faut savoir que c'est le "quartier des 36 rues" : autrefois, chaque corporation de métier avait sa rue, qui porte son nom, et on y trouve du coup tout du long le même type de produit.  Il y a la rue du cuir, la rue du papier, la rue de la soie, la rue des cercueils, la rue des matelas, etc etc. L'activité y bat son plein de jour comme de nuit, c'est à la fois très intéressant d'y déambuler et très fatiguant car c'est bourré de monde, de touristes, de scooters, de vendeurs...

Ci-dessous, quelques photos que j'ai prises au cours de la ballade (la nuit tombe très tôt en ce moment). Je suis un peu déçue car mon appareil ne fait pas du tout de bons clichés nocturnes, certes je ne l'ai pas payé une fortune mais du coup je me demande si je ne vais pas finir par m'en racheter un autre un peu plus performant...


Par exemple, ici, la rue de la chaussure. Partout des chaussures. Et vous savez quoi? Il y en a tellement que je n'avais même pas envie de m'acheter une paire (stupéfiant).

A savoir, parmi des tas de merveilles, on peut trouver des chaussures siglées "Chanel Prada Dior", oui oui, tout ça sur une même chaussure et pour des sommes folles atteignant les 10 euros.

Parfois on rigole bien. Cette paire de ballerine nous a fascinées : comment le designer a eu l'idée de mettre de la fourrure avec cette main squelettique dorée dessus ? 



Sinon pour ceux qui s'inquiétaient de ma santé : j'arrive maintenant à me nourrir sans avoir de nausées ou de maux de ventre. Je n'ai pas été du tout affligée de turista, mais j'ai vraiment eu du mal avec la nourriture locale au début, il a fallu sûrement un temps d'adaptation pour mon estomac. Là ça va mieux, j'arrive à manger normalement, mais j'ai quand même perdu 6 ou 7kg à mon avis: je flotte dans toutes mes fringues de façon assez dramatique. Je vais essayer de manger régulièrement et de me remplumer un peu, ou au moins de ne pas continuer à maigrir comme ça. Rassurez-vous, je vais bien physiquement, je suis moins fatiguée et on commence enfin à se poser un peu, donc la phase la plus difficile est passée.

Ce soir on a terminé notre Noël en achevant une bouteille de crémant, le somptueux gâteau offert par notre propriétaire (qui est finalement pas si horrible et même plutôt gentil), et la mousse au chocolat qui restait d'hier soir.

Encore une fois, un très joyeux Noël à tous, j'espère que vous en avez bien profité, et que vous n'êtes pas trop en pleine indigestion!



samedi 24 décembre 2011

La galère de Noël!

Aujourd'hui, on s'est répartis les tâches de courses de Noël, Jonathan et moi avions "la viande" comme mission.

On a tourné en scooter pendant 3h30. On a fait des supermarchés d'expatriés, des marchés vietnamiens, des tonnes de tour de rue, on n'a pas trouvé. En fait, il aurait fallu sortir le matin à 6 ou 7h pour aller au marché, après c'est mort, de ce qu'on en a compris. La viande achetée sur les marchés vient d'un animal abattu une heure avant, elle part direct à la casserole, personne ne fait de stock. Un steack ou un rôti, ici, ça n'existe pas...
On a fini par trouver des barquettes avec des légumes et un peu de viande, probablement pour préparer de la soupe, et c'est tout.

3h30 plus tard, donc, on est rentrés avec la forme de la selle du scooter incrustée dans les fesses et un tantinet dépités. On a fini par en rigoler: là on est vraiment à l'autre bout du monde, on est même pas foutus de trouver un morceau de viande!

Je suis restée à la maison, pour me reposer un peu et me pomponner avec mes colocs filles. Tous les autres sont partis à l'hôtel où nous avions séjourné les premiers jours: Jonathan est très copain avec les gens qui tiennent l'hôtel, et la mission consistait en "apéro à l'hôtel" suivi de "on les ramène à la maison pour le dîner".

Ca va peut-être pas se passer comme ça... En gros, ce soir, tous les Vietnamiens convergent dans le centre vers le lac Hoan Kiem, à la cathédrale Saint Joseph. Mon patron m'a expliqué que l'église débordait complètement, les rues étaient noires de monde jusqu'à 2h du matin, qu'on ne circulait plus même en scooter (faut le faire, ici). Donc je ne sais pas quand est-ce que les autres vont réussir à rentrer... Mais on s'en fout on a toute la nourriture et les chocolats!

Un très joyeux Noël à vous tous qui êtes à l'autre bout du monde, je pense fort à vous et vous me manquez. Des milliers de bisous vietnamiens!




vendredi 23 décembre 2011

Joyeux Noël en musique!

J'en rajoute une couche après mon karaoké d'hier. Tout le monde est trop fan de "Feliz Navidad".

Histoire de se mettre dans l'ambiance à la veille des fêtes de Nowel, je vous mets un petit live de cette chanson qu'ils adorent ici. On l'entend tout le temps, à toutes les sauces (d'un goût parfois douteux... le clip là, il est classe. Si si.) Avouez que vous auriez été triste sans cette formidable découverte pour les fêtes hein? :D
 (Et j'espère fermement que vous l'aurez en tête et que vous vous retrouverez à la fredonner comme moi depuis 3 jours.)

jeudi 22 décembre 2011

LA HONTE INTERNATIONALE!!!!!!!!!!!

Je veux mourir, là tout de suite, dans l'opprobre et l'ignominie et l'infamie les plus totales. Au moins.

Pourtant, ça avait bien commencé. Ce soir, Noël de l'entreprise, donc, pas seulement mes collègues du quotidien mais tous ceux de l'ONG à laquelle nous appartenons, avec femmes et enfants, donc une bonne centaine de personnes à mon avis. Ils avaient reservé un restaurant complet, tout le staff était venu dans la joie et la bonne humeur. Nos collègues vietnamiens, qui sont plutôt reservés en temps ordinaire, était tous foufous. Il y avait plein de jeux organisés pour les enfants, avec des cadeaux, ça courrait partout en riant, on avait un buffet de folie. Je me suis mangé des tas de petits nems trop bons, de la salade de mangue et de soja, des coquillages, des brochettes de viande parfumée, des petites saucisses indéfinissables, bref que du bonheur.



On rigole aussi pas mal parce que le fils de mon boss Phuong, un bambin âgé de 14 mois, se met à pleurer des que nous autres occidentaux lui faisons des coucous. Visiblement, on lui fout la trouille:  à chaque fois que Gerwin essaie de le prendre dans ses bras, Phuong junior se met à hurler à la mort, et il regarde Astrid ou moi avec des yeux apeurés. Il va lui falloir des années de thérapies pour se remettre, à mon avis. Echec total du charme européen sur la petite enfance vietnamienne...

Rien à faire, Junior se prépare à hurler à chaque fois qu'il nous aperçoit. 


Avec Astrid on se retrouve assises à la même table que les directeurs sans trop savoir comment, on parle de Tour Eiffel, de Paris, de l'hiver qui arrive, d'aller visiter Hué, la cité impériale, patati patata, tout se passe bien.

Sauf que.

A un moment, pendant le dîner, ils ont lancé le karaoké, un rétroprojecteur, des micros, un site où ils attrapent plein de chansons en vietnamien avec la mélodie et les sous-titres. Ils sont super forts, même les enfants, tout le monde y allait de sa chansonnette. Ils y mettent plein d'enthousiasme, eux qui sont habituellement plutôt calmes, c'est très drôle, et même quand ça n'est pas parfait ils se font visiblement plaisir.

Gerwin, notre collègue néerlandais, est venu nous chercher pour chanter une chanson de Noël en anglais dont je n'avais jamais entendu parler. Les expats du bureau plus leurs copines plus nous, ça faisait 6 personnes pour 2 micros, y avait moyen de chanter n'importe quoi sans que ça s'entende. Vu la sono, de toute façon, c'était pas bien grave. Je cours me remettre au fond, déjà vaguement traumatisée, mais trouvant que je m'en tirais à bon compte. Mes aïeux. Quelle naïveté...

Voilà-t-y pas que Gerwin commence à tanner Astrid pour savoir s'il n'y a pas une chanson de Noël typiquement française qu'on pourrait chanter. Astrid lui indique Petit Papa Noël, je proteste véhémentement qu'il est hors de question que je me colle la honte devant tout le monde juste avec Astrid en leur chantant ça, ou quoi que ce soit d'autre, d'ailleurs. J'ai toujours eu HORREUR du karaoké. Regarder les autres chanter, pas de problème, mais alors couiner devant cent personnes, hors de question, franchement, ça me hérisse.

Gerwin réussit à se glisser jusqu'au mec qui gérait l'ordi et youtube, il tape sournoisement "Petit Papa Noël", ça tombe sur une vidéo de patinage artistique avec Nana Mouskouri à la chansonnette... Je brandis le poing de loin et lui fait des gestes d'insultes.

PAF coup de bol, un jeu pour les enfants est lancé, sauvée! Après quoi ils ont zappé visiblement, je ressens un soulagement intense. D'autres jeux, d'autres chansons. Une lotterie qui déclenche l'enthousiasme populaire, ça devient l'hystérie, crise de fou rire quand le directeur tire au sort le premier numéro gagnant qui n'est autre que celui de sa femme...

Bon bon bon. Ca a l'air de se finir, cette petite soirée, esquivons-nous donc après avoir salué les gens...
"DONC MAINTENANT RIEN QUE POUR VOUS NOS DEUX AMIES FRANÇAISES VONT VOUS INTERPRETER UNE CHANSON DE NOEL DE CHEZ ELLES POUR CONCLURE LA SOIREE."

Je hais Gerwin. Totalement, définitivement, viscéralement. Tout le monde applaudit bruyamment, la vidéo refuse de démarrer et galère au chargement, ho, c'est ballot, ça marche pas, j'essaie de faire signe que bon tant pis, ben c'est pas grave hein, c'est dommage, voilà, ce sera pour une autre fois, et pas de bol ça se met en route.
18 secondes, elle a marché, la vidéo. Sauf qu'une fois lancées, ben plus moyen d'arrêter...

Voilà comment je me suis retrouvée à chanter "Petit Papa Noël" a capella devant une centaine de Vietnamiens. J'AI JAMAIS EU AUSSI HONTE DE TOUTE MA VIE. J'aurais voulu pouvoir m'enfoncer trois mètres sous terre et jamais en ressortir, mais après avoir étranglé Gerwin.

A ma droite, le type que j'aurais bien tué ce matin au bureau s'il n'était pas en déplacement.

Le pire, c'est qu'ils étaient ravis, le directeur est venu nous serrer la main, Phuong, le chef designer, nous a assuré qu'heureusement il avait filmé tout ça, que c'était très bien, et qu'il comptait bien le mettre sur youtube dès le lendemain matin.

........

Pendez-moi.






mercredi 21 décembre 2011

L'équipe hier soir et le Christmas Karaoké en arrivage... (au secours je veux repartir de ce pays!)



Voilà  je vous mets une petite photo du staff hier soir, au pot de départ-Noël anticipé de Bart (le grand à côté d'Astrid). Tout le monde n'est pas là, la moitié de l'équipe est au Laos, je crois, et rentre demain. Vous noterez qu'on a tous l'air, les expats, de grandes saucisses à côté de nos collègues.

A propos de demain, il y aura au restaurant le dîner officiel de Noël avec tout le staff et leurs familles. Il y a de grands chances, paraît-il, d'après Gerwin (tout à gauche sur la photo), que ça se termine...  au karaoké.
J'ai envisage de prendre tout de suite un billet de retour pour la France ou de tuer quelqu'un pour être expulsée manu militari.
Je HAIS le karaoké. Totalement et définitivement. Manque de bol pour moi, en Asie ils adorent, au Vietnam ils sont fans de musique, d'ailleurs ils chantonnent tout le temps, et probablement pas moyen d'y couper si je ne veux pas me faire mal voir. Avec un peu de bol, toujours d'après Gerwin, ils sont tellement fans qu'on ne leur fait plus lâcher le micro une fois qu'ils le tiennent ; néanmoins ils adorent  aussi les chansons françaises... Donc là j'hésite à me rouler par terre en pleurant et à simuler une syncope demain après le dîner. Je vous ferai évidemment un récit circonstancié, apprêtez-vous à pleurer de rire de votre côté.


Sinon je me suis acheté deux lampes toutes mignonnes, je suis trop contente, ne plus vivre dans la lumière des néons ça vous change la vie. Allez hop je vous les montre parce que je suis ravie et que j'ai des joies simples :

Celle-ci est en bambou tressé, c'est trop joli, je l'aime d'amour fou. Au moins. 

Celle-ci est tout en petites perles de rocaille rouges, elle réchauffe la pièce, c'est fou ce que ça change. Et inutile de me faire des reflexions, les garçons m'ont déjà demandé si je comptais ouvrir un bordel tonkinois avec ma loupiote rouge...






Le durian de Noël

Hier, calme plat au bureau comme d'habitude. Soudain, à 17h, un placard s'ouvre, Thu en sort deux pleins sacs de décoration de Noël, et là, la folie s'est emparée de l'équipe! Toute la team s'est mise à courir partout pour enrouler des guirlandes sur les bambous et les caoutchoucs, coller des flocons à paillettes sur les vitres, brailler des chants de Noël et préparer un buffet gargantuesque genre gros goûter avec des fruits et des gâteaux. Un des bénévoles hollandais fêtait son dernier jour, d'où "pot de départ de Noël" à l'occasion.

Ha que c'est pratique un grand canadien pour accrocher les guirlandes en hauteur...

Astrid aussi dépasse largement la taille moyenne, surtout avec le bonnet de Nowel!

Tout ce sucré d'un coup alors qu'on en mange très peu, moi, ça m'a tuée.

Nos collègues vietnamiens en ont bien évidemment profité sournoisement pour nous ramener des gâteaux au durian. Le durian, qu'est-ce que c'est? Le fruit ressemble à ça, ça peut faire jusqu'à 5kg suivant la variété :

Ca a la particularité surtout et avant tout de FOUETTER LA MORT A 15KM A LA RONDE! C'est tellement indescriptible que j'ai cherché sur wikipédia et jugez par vous-même des résultats :
Anthony Bourdain, bien qu'amoureux du durian, décrit sa rencontre avec le fruit de la façon suivante :
« son goût et sa saveur ne peuvent être décrits que par le qualificatif... d'indescriptible, quelque chose que soit vous adorerez, soit vous détesterez. Votre haleine ressemblera à celle que vous auriez si vous aviez embrassé intensément votre grand-mère morte depuis des lustres.  »
L'écrivain féru de gastronomie et de voyages Richard Sterling a cependant des mots plus durs :
« … son odeur peut être décrite comme celle des excréments de porc, de térébenthine et d'oignons, le tout garni par une vieille chaussette. On peut le sentir loin à la ronde. Malgré sa grande popularité locale, le fruit est interdit dans certains établissements comme les hôtels, les métros et les aéroports (y compris les bagages à main et autres valises, accompagnés ou non), ainsi que les transports publics du sud-est asiatique.  »
Ca vend du rêve hein ? Donc évidemment, Astrid et moi ne savions pas ce que c'était, on renifle avec suspicion vu leur tête, et ils ont bien ri en voyant la nôtre, de tête. A l'intérieur d'une espèce de beignet à base de farine de riz, une "crème au durian" et un "oeuf au sel".
En soi, ce n'est pas salé, Hang nous a expliqué qu'on met les oeufs dans de l'eau salée pour les conserver, on les laisse tremper minimum 15 jours mais un ou deux mois c'est mieux. Après on peut les garder super longtemps, le blanc est salé mais pas le jaune qui devient complètement orange et très doux, et on l'utilise donc en pâtisserie.
Bref. Le gâteau durian et oeuf au sel... Cessant de respirer le temps de l'absorber, au goût, ça n'est pas si désagréable. Un peu fade et doucereux, à dire vrai, mais j'ai mangé mon morceau comme une grande sans faire de grimace, pour pas perdre la face.

Deux heures après, je ne sais pas si c'était le durian ou l'orgie de sucré alors qu'on n'est plus du tout habitué, mais j'étais en train de devenir un peu verte sur le thème "beuuuuh je vais vomir séance tenante". J'avais l'impression d'avoir encore l'odeur du durian dans le nez. C'était atroce... Mais joyeux Noël quand même!



mardi 20 décembre 2011

Petit à petit, l'oiseau fait son nid.

On a enfin commencé à explorer un peu le quartier autour des chez nous. Les trois garçons, Olivier, Jonathan et Nelson, se sont installés dans une maison de folie à 50m de la nôtre (il y a tellement de terrasses qu'ils sont obligés de préciser sur laquelle ils veulent se retrouver pour aller fumer une cigarette).

On a tenté la rue des commerces derrière chez nous, goûté une soupe pho qui n'était pas terrible avec du boeuf plein de gras, bu une espèce d'alcool de riz offert par le voisin de la table d'à côté. Un seul godet, ça arrachait déjà pas mal,  les voisins en avaient une quasi-carafe sur leur table. C'était le genre de truc qui a dû distiller dans une baignoire, à mon avis ça peut rendre aveugle... mais ils étaient ravis de nous faire goûter, de nous offrir des cigarettes dégueu, et de rigoler en nous regardant. On a vraiment un pouvoir hilarant d'enfer.

Il y a un petit café très sympa pas loin de la maison, ils font un jus de mangue juste terrible! Bien épais, bien crémeux, une merveille. Je sens que ça va devenir notre deuxième maison. On a repéré une salle de billard en rentrant, bref, tout ça se présente bien. En revanche il faut vraiment qu'on achète des lampes de poche et que tout le monde en ait une, car après minuit toutes les lumières municipales (soit un néon tout le 50m) s'éteignent. Hier soir on est rentré avant, mais dans le noir complet, ça n'inspire pas forcément confiance et c'est un coup à se casser une jambe, dans le meilleur des cas ("oups, le lac est plus près que je croyais, sortez-moi d'ici!"). Donc on se déplacera en troupeau et avec de la lumière.

Sinon, l'autre truc tout foufou du jour, c'est que M.Maurice, notre fort sympathique voisin français, nous a fait une petite visite hier soir. En fait, il nous a expliqué que pendant la fête du Têt, Hanoï est une ville morte, car la tradition veut qu'à l'occasion de la nouvelle année, on aille visiter les grands-parents le premier jour, la famille élargie le deuxième, les cousins encore plus éloignés le troisième, etc. Du coup pendant quasiment une semaine, tout le monde se referme sur sa famille et plus rien ne fonctionne (adieu transports, commerces, service public, marchés, etc).
Or, il se trouve que cet excellent Maurice, officier d'aviation civile à la retraite, s'occupe aujourd'hui d'organiser des voyages avec un associé vietnamien. Ô que la vie est bien faite parfois...
Du coup, il nous propose de nous barrer de Hanoï pendant 3 jours. Il nous emmène avec sa femme et son fils crapahuter dans la pampa: on part pour la région de Mai Chau, passer quelques jours chez l'habitant dans les ethnies des Hmongs et des Thaïs blancs. Ambiance maisons sur pilotis dans les rizières, randonnée facile dans la montagne, dîner avec la tribu (danse et chant s'ils sont motivés), ballade sur les marchés un peu typique, etc. Et ça va nous coûter des cacahuètes en plus, pour aller dans quelque chose un peu dans ce genre-là :


Une chance pareille, ça devrait pas être permis. Franchement, comme cadeau de Noël, ça tombe à pique!

PS: sur la route, on va passer du côté d'Hoa Binh... Les fans des Tontons flingueurs, j'essaierai de trouver le petit bouge avec Lulu la Nantaise :D



lundi 19 décembre 2011

Premier week-end : on y va doucement bichon...

Y a quand même un truc que je comprends pas bien: là, dehors, il fait 16° et le premier truc que font mes collègues en entrant dans le bureau  c'est se ruer sur les fenêtres pour les ouvrir en grand, mettre les ventilos à fond, voire allumer la clim. C'est pas non plus comme si c'était déjà la canicule. A croire qu'ils aiment vivre à 14° pas plus mais je vais finir par chopper une pneumonie... (Je pensais pas que les Vietnamiens étaient particulièrement endurants au froid. Apparemment le néo-zélandais et le canadien du bureau n'ont pas l'air dérangés non plus et se baladent en tee-shirt. Ces gens sont tous fous.)

Ceci mis à part, que vous raconter? Je ne suis pas allée me ballader dans la pampa ce week-end, pour cause de très probable indigestion aiguë à je ne sais quoi. On mélange "nourriture très différente" avec "ils mettent du glutamate partout pour renforcer le goût et c'est pas terrible pour l'estomac" avec "Clémence a toujours eu un ventre farceur", et voilà comme je me retrouve à passer 24h infernales à me tordre de douleur dans mon lit, avec crampes d'estomac et nausées atroces. Ca m'étonnait aussi que ça ne soit pas arrivé plus tôt... Là on a commencé à se faire à manger à la maison, un petit peu, et ça va déjà mieux. J'espère juste que je ne fais pas une intolérance au glutamate, on nous avait prévenu que ça pouvait arriver, et si c'est le cas ça va être très compliqué pour manger en dehors de la maison... (bon en même temps avouez que vous auriez été déçus s'il ne m'était rien arrivé, hein?)
Bref, pendant quelques jours je vais arrêter de manger dans les bouibouis qu'on trouve un peu partout, qui sont assez rustiques comme vous pourrez en juger ci-dessous:



Emmanuelle, imaginant ce qu'il peut bien y avoir dans le plat totalement inconnu qu'elle a choisi sur la carte au hasard  (franchement je suis sûre qu'il vaut mieux pas le savoir)


L'autre côté de la table, qui n'a pas pris la même chose, hilare à l'idée de ce qu'elle va bien pouvoir trouver dans son assiette (une fois de plus, ce point restera non résolu après une demi-heure d'interrogations).

Du coup restée maison, j'ai enfin pu faire un peu de ménage dans ma chambre et ça fait du bien. Après 2 passages de balai et 3 de serpillière (vous auriez vu la couleur de l'eau au premier passage...), je peux enfin poser les pieds au sol sans rétracter mes orteils d'horreur. Je ne sais définitivement pas comment la housemaid du Taïwanais faisait le ménage, mais j'aurais tendance à interpréter ça en : pas du tout.

On a fait quelques courses pour la maison. Moi j'étais trop fatiguée pour me battre donc j'ai rien acheté, mais Emmanuelle et Manon ont dû batailler à chaque fois pendant 10 minutes minimum pour le moindre truc. C'est facile en fait : on t'annonce un prix, tu divises par 2 direct et après on parle. C'est fatiguant, surtout, je trouve. Probablement je m'habituerai, mais pour le moment, ça m'emmerde de pinailler pendant des heures pour 50000 dongs, soit moins de 2 euros. D'un autre côté, au bout d'un moment, on en a un peu marre de se faire pigeonner systématiquement et de payer 20 fois ce que paierait un Vietnamien. Même si on a clairement plus de moyens, et que je sais bien que je ne paierai de toute façon jamais le tarif local, ça devient un peu râlant quand les vendeurs se foutent ouvertement de toi en ricanant comme des tordus...


Et j'ai aussi fait mon premier tour officiel en scooter dans les rues d'Hanoï, sur le véhicule de M.Nguyen qui est notre grand copain et notre fournisseur officiel pour à peu prêt tout (de l'eau, une machine à riz, des lampes, des couettes, il connait toujours une adresse et marchande comme un fou pour qu'on se fasse pas trop arnaquer. J'imagine qu'il prend sa com au passage, mais ça me dérange pas trop dans le sens où il passe des heures avec nous et qu'il la mérite bien, honnêtement.)
Ce serviable chacal m'a laissée conduire "parce qu'il faut bien que je m'entraîne", ce que je n'avais pas prévu c'est qu'on allait (évidemment) perdre les autres au bout de 50m, et s'engager dans les énormes artères en pleine heure de pointe.
Maman. J'ai bien cru ma dernière heure arrivée. Heureusement que ça va pas trop vite, de toute façon j'ai roulé à 10km/h comme une mémé tout du long (avec une pointe à 15km/h quand c'était dégagé devant).
De toute façon, la règle c'est : regarde devant toi pour pas cogner le scooter devant, écoute les klaxons derrière toi à droite ou à gauche pour savoir par où on va te doubler, tu klaxonnes dès que tu arrives à une intersection/passe près d'un piéton/double un véhicule/va passer pas loin d'un véhicule/tout le temps en fait. Et surtout, SURTOUT tu t'occupes pas de ce qui se passe derrière. Je vous laisse imaginer ce que ça peut donner... Moi qui avais la trouille du traffic à Paris, si j'arrive à conduire là-dedans je suis vaccinée à vie contre tout problème de transport. Pour vous donner une idée :


Je vous annonce fièrement que je n'ai emplafoné personne et que je ne nous ai même pas jetés par terre. Ce qui n'était pas gagné d'avance, vu le traffic. Au bout de 20 minutes j'ai rendu le volant à M.Nguyen, parce que quand même, faut pas pousser pour une première fois.
Avant de me relancer dans l'aventure, je pense que je vais plutôt m'entraîner le soir dans les petites rues avec les filles. En plus je commence à avoir de vagues lueurs sur l'orientation dans cette ville, mais la plupart du temps je suis complètement larguée (comme tous les autres, soit dit en passant. On finit toujours par arriver à destination mais jamais par le chemin qu'on avait prévu et en se perdant 4 fois).

Histoire que vous ricaniez tout votre saoul, une photo de moi-même fièrement équipée pour la route. C'est dommage elle est un peu floue, vous profiterez moins de mon somptueux casque à paillettes agrémenté d'un masque de protection à pois multicolores, le moins moche que j'ai pu trouver. Je vous en referai une autre à la lumière du jour, que vous puissiez définitivement vous étrangler de rire:




Voilà voilà, à bientôt tout le monde pour la suite du récit de mes folles aventures hanoïennes :)





vendredi 16 décembre 2011

Martine au supermarché vietnamien

Hier soir, on en a eu marre de manger toujours dans les restos parce que c'est très très bruyant, on voulait faire des courses pour se constituer un stock de nourriture de base et dîner tranquillement à la maison. Comme on devait aller dans le quartier des expatriés, tout au nord de la ville, pour réunionner avec les filles de Batik, autant en profiter. En effet, il n'y a pas vraiment de supermarchés ici : soit on achète au marché ou dans des micro-échoppes, soit on va dans les énormes malls à l'américaine, pas de juste milieu.

En y allant on a eu un drôle d'épisode. Ils construisent à Hanoï des tours jumelles, immenses, qui ont pris feu à 17h. On est passé sur la grosse route pas loin vers 18h30, il y avait une foule monstre tassée sur la route, tout le monde nez en l'air, des camions de pompier et des voitures de police sirène hurlante partout. Comme il faisait nuit et qu'il n'y avait pas de flamme, seulement des fumées monstrueuses, on se demandait vraiment ce qui se passait parce qu'on ne voyait et ne comprenait rien dans tout ce bazar. La cibi du taxi répétait en boucle le même truc, dont on ne pigeait pas un mot, c'était assez étrange et un peu flippant.
Apparemment pas de blessés graves, vu que le bâtiment est en construction et pas encore occupé. Aux dernières nouvelles ils ont réussi à évacuer tout le monde et les dégâts sont seulement matériels, mais c'était assez impressionnant :


Bref, pour repartir sur une note plus gaie, après notre réunion avec Batik, on décide donc d'aller au supermarché comme de sales expatriés en manque que nous sommes.

Et là, nous voilà telles de poules qui ont trouvé un couteau, voire carrément des dindes devant une fourchette à poisson, à errer dans les rayons en gloussant et ricanant. Certains produits sont plus que familiers, voire bien de chez nous : les lapins Lindt en chocolat noir, les tartelettes Bonne-Maman au chocolat, des pates Barilla... Par ailleurs, on s'est payé une crise de rire : ici, la Vache qui rit est sous protection anti-vol, allez savoir pourquoi! Ca et les Apéricubes, c'était tout sous système de protection, mais pas l'edam ni l'emmental. Il y a sûrement une explication mais on a pas encore trouvé laquelle...
On a aussi trouvé des hamburgers en conserve. On n'a pas osé en acheter mais je pense que la prochaine fois je vais me ruiner de 15000 dongs, soit cinquante centimes, pour essayer ce concept qui m'intrigue beaucoup (Est-ce qu'il plope hors de la boite quand on l'ouvre? Est-ce qu'il faut le mettre à gonfler dans l'eau chaude? Est-ce que c'est en gelée?). Allez savoir pourquoi, on trouve aussi du paté Hénaf bien franchouillard sur la même étagère.

Là où ça se corse, c'est quand le nom du produit n'est écrit qu'en vietnamien. Certains produits avaient l'air pas mauvais sur l'emballage, seulement on n'a tellement pas la moindre idée de ce que ça peut être, et encore moins de comment ça se cuisine, qu'on a préféré s'abstenir. En fait il faudrait aller faire les courses avec un dictionnaire. On va d'abord se renseigner auprès de nos collègues vietnamiens, histoire de pas se rendre malade tout de suite. Déjà que je suis tout le temps un peu beurk en ce moment, n'en rajoutons pas une couche...

Du coup, en bon chauvins que nous sommes, en rentrant on avait pas très faim mais on a quand même ouvert le fromage. Bon, ok, de la Vache qui rit et de l'Edam, mais on fait avec ce qu'on a... On a testé aussi un fromage vietnamien extrêmement étrange. Ca se présente comme une espèce de grosse tresse, on croyait au début que c'était de la paille qui entourait du fromage mais pas du tout, ce sont des fils de fromage tressés ensemble, c'est fumé et hyper salé, Manu est fan et je pense qu'on en rachètera.

Par ailleurs on trouve plein de fruits super bons, au bureau mes collègues en apportent régulièrement et distribuent à tout le monde gentiment. Il y a les kumqats, des toutes petites mandarines très sucrées. Des énormes pamplemousses verts, c'est assez doux et agréable à grignoter. Des mangues à tomber par terre tellement elles sont bonnes, je pourrais en manger des kilos. Des petits fruits verts dont je n'ai pas bien saisi le nom, ça a la texture et un peu le goût d'une pomme verte, mais avec un gros noyau au milieu et ils le trempent dans du sel pour le croquer. Du melon, ha, du melon tellement bon! Un autre fruit orange, à la chair très épaisse et hyper sucrée, pas trop compris non plus ce que c'est pour le moment.
(Vous êtes bien dégoûtés là j'espère hein ?).

Ce week-end je pars visiter une fabrique artisanale de papier dans la cambrousse avec les collègues et les gens de l'UNIDO, j'espère prendre plein de photos pour vous raconter tout ça plus en détail.






jeudi 15 décembre 2011

Désolée mais je pouvais pas garder ça pour moi...

Dans les restos un peu "chics", il y a toujours une télé avec le MTV local qui tourne en boucle. C'est tellement fascinant que des fois je bloque sur la télé en oubliant de manger.
Ce clip-ci, ça fait au moins la 4ème fois que je le vois. Bien que le groupe soit apparemment japonais et pas vietnamien, je me suis dit que vous ne pouviez pas rester dans l'ignorance. Déjà le groupe s'appelle U-Kiss, tout un programme. J'ai vu des trucs gratinés, mais celui-là c'est le meilleur (pour le moment, ça peut changer, hein).
J'aurais eu des scrupules à ne pas vous faire partager ce pan de culture asiatique qui fait partie du quotidien ici :D


Entre leurs moues boudeuses, leurs gilets en maille argentée à frange et leur maquillage/coupe de cheveux, je ne sais pas ce qui me plaît le plus... xD

Bon ça va un peu mieux...

Je pense que je suis tellement fatiguée que j'ai tendance à broyer du noir, c'est vraiment le contrecoup de la semaine de folie qui vient de se dérouler.

Le propriétaire est venu avec sa nièce qui parle parfaitement anglais, il va nous acheter des petits radiateurs pour les chambres, mais ça lui paraissait très étrange parce qu'ici les vietnamiens ne chauffent pas les maisons l'hiver, même quand il fait bien froid (décadents occidentaux que nous sommes...). On lui a calmement expliqué qu'on avait loué une maison où on nous avait promis du chauffage, et qu'on voulait juste que tout le monde respecte sa part de marché. Ca s'est bien passé, il n'a même pas trop pinaillé.

Sinon comme je suis fatiguée je fais un peu n'importe quoi : j'ai mangé des trucs de viande bizarre enroulé dans des feuilles de bananes, on aurait dit du salami, je suis pas trop sûre que c'était cuit (au moins si je suis malade je saurai pourquoi). Ha oui et j'ai gratouillé le chien du resto qui m'a léché les doigts, du coup je me suis tapé un trip sur "merde la rage, faut pas toucher les animaux". Mais bon c'est un animal domestique, il a pas l'air enragé, donc je vais me calmer et aller dormir, hein. Je le croise tous les matins (Gaultier tu serais content, c'est un vrai gros chien berger allemand); pour le moment il n'a bavé sur personne ni mordu qui que ce soit, et à priori j'ai pas de plaie ouverte qu'il aurait léchouillé. A côté de ça, Manon passe son temps à tripoter tous les chiens, chats et autres qu'on croise, elle mord pas encore non plus. Les délires que je peux psychoter avec la fatigue... C'est plus possible faut vraiment que je dorme.

Ce soir je suis beaucoup plus calme, les histoires de maison s'arrangent, Xavier et Joachim sont venus emménager avec nous ce soir, les trois autres garçons ont trouvé une maison à royalement 50m de la nôtre, bref tout ça s'organise doucement et ça va aller.

Pour finir dans la détente, une photo de la maison vue du dehors (oui oui la très grande avec les fenêtres rouges, habitants de 12m carrés en quinconce parisien vous pouvez pleurer) et de notre jolie petite ruelle pour y arriver:



mercredi 14 décembre 2011

Rêve pas étranger, ou le contrecoup grosse claque de l'arrivée.

Ce matin, je dois avouer que je suis assez désappointée. Déjà, j'ai peu dormi, ils ont cessé de jouer avec la scie circulaire et les perceuses vers 2h du matin.
En partant, j'ai voulu tester un nouvel itinéraire : longer la voie ferrée et traverser au gros gros carrefour, où il y a en fait un passage souterrain, ai-je appris. Du coup, au lieu de traverser direct le flot de la circulation, je suis partie sur le micro-chemin qui longe les rails, et qui est bordé de pleins de magasins de meuble.
Au début j'étais contente : il y a de tout et de rien, des petites tables, des tabourets ornementés, des gros cadres, des autels pour les ancêtres petit ou très grand format, les artisans bossaient déjà sur le pseudo-trottoir pour vernir ou poncer tout ça. Sauf que.
Sauf que tous m'ont regardée avec l'air de se demander vraiment ce que je foutais là, et j'ai eu limite l'impression que ma présence les emmerdait. Pas un sourire, pas un bonjour, ils ont tous détourné la tête ou m'ont fixée avec l'air mauvais. Je ne sais pas si je suis en train de sombrer dans la parano, ou si j'ai commis une bourde culturelle parce que je n'aurais pas dû passer ici à une heure pareille, mais rarement je me suis sentie aussi mal vue. Visiblement, je n'avais pas à être là.

Entre ça, et le propriétaire pour qui nous ne sommes que des abrutis d'occidentaux à pressurer tant qu'il peut sans jamais respecter sa parole, ça commence à  faire beaucoup. On a pris de mauvaises habitudes, je crois, avec quelques personnes qui ont été vraiment très gentilles avec nous. Pour les autres, hélas, nous ne serons jamais que des étrangers, et surtout des étrangers dont il faut profiter. Nous qui arrivons comme volontaires pour donner un coup de main à nos entreprises, c'est un peu dur à avaler même en sachant qu'on ne changera pas le système et que c'est comme ça.

Bref. Je voudrais bien que le problème soit réglé avec la maison et être enfin tranquille à ce niveau, et quand je serai un peu moins fatiguée au lieu d'avoir que les emmerdes du loyer, de l'internet, du chauffage etc, ça ira sûrement mieux. En plus je n'ai rien eu le temps de visiter de la ville, pour le moment je n'en ai eu que le bruit, le traffic, les arnaques et les mauvais côtés, donc je dois avouer un gros coup de mou. On a tout le temps un problème à régler, une négociation à mener, en fait c'est épuisant parce que les gens de mauvaise volonté font exprès de faire traîner les choses et de les répéter 20 fois en pinaillant, probablement en espérant qu'on va craquer. Or, je dois avouer que je ne suis pas d'une patience exceptionnelle, encore moins quand je suis éreintée et qu'on se paye ma fiole aussi ouvertement...

Il faut juste que je me fasse à l'idée que si certains sont ravis et fiers de m'accueillir dans leur pays, et prêts à se plier en 4 pour que ça se passe au mieux, pour d'autres je ne serai jamais que l'étranger à plumer.

mardi 13 décembre 2011

On démonte le mur mais pas plus de 15 minutes, on est pas des sauvages!

Présentement, il est 23h30. Il y a des travaux à côté de la maison, genre juste derrière. Dans la journée on s'en fout on est pas là, le soir on les entend un peu mais bon on peut pas empêcher les gens de travailler. Généralement, ça s'arrête vers 20h.

Il y a une demi-heure, ils se sont mis à démonter les murs. Littéralement. C'est à dire qu'ils abattent un mur juste à côté du nôtre à la masse. Outre que ça risque de s'écrouler chez nous, ça fait un peu de boucan. Après des braillement en sabir de la part de Manon et de notre Taïwanais, ils ont promis qu'ils en avaient pour un quart d'heure et qu'ils arrêtaient.

Effectivement, ils ont arrêté. Maintenant ils font de la scie circulaire, c'est beaucoup mieux...

Pour passer le temps, je vous mets en vrac quelques photos de la maison, et du petit temple qu'on a trouvé par hasard le premier jour.

Là, c'est le café où on a pris notre petit-déj le premier jour. Le café vietnamien est un robusta abusif, qu'ils boivent avec plein de lait et du sucre, ou plutôt du lait concentré sucré, et parfois froid. C'est juste abominable :D


Ici, une petite rue un peu typique: des magasins partout, pas une maison n'en est dépourvue, et de la circulation qui est ici très très calme (vous noterez la madame qui transporte tout Interflora sur son vélo).


 Donc tu marches au milieu du bazar, de la rue, des scooters, des klaxons, des vendeurs, quand d'un coup tu tombes sur une porte ouverte, là :


On rentre prudemment, on demande l'autorisation d'aller voir, et une charmante madame nous a expliqué que c'était la maison de la guilde des bijoutiers, un lieu de réunion pour le commerce où se trouvent également les entités protectrices de la guilde, les chevaux rouges et blancs.




Hop on saute du coq à l'âne, je vous montre le lac qui est devant ma maison plus ou moins, le Ho Ba Mau, à ne pas confondre avec celui du Ho Ba May qui est de l'autre côté de la route dans le parc. Le seul truc, c'est qu'ils sont plus ou moins en train de faire la route, pour le moment c'est donc terre battue et Beyrouth sur la rive de notre côté. 


Après on s'enfile dans un dédale de ruelle (gauche droite droite gauche) et on arrive. Et là je réalise que comme une gogole j'ai même pas pris de photo de la façade de la maison. Je ressors pas à cette heure pour vous faire ça, de nuit en plus... Du coup je vous mets la vue depuis la terrasse :



Ca c'est le petit balcon de ma chambre, plutôt sympathique bien qu'il y ait un jour d'au moins un demi-centimètre entre les battants de la porte-fenêtre. On peut pas tout avoir (ou plutôt si, du scotch bien épais pour l'arrivée du froid).



Bon et pour le principe, ma chambre qui n'est pas follichone, moderne et sans trop de charme, mais assez grande et sympa quand même.


Bon il est 1H30, ils ont fini de jouer à tout casser derrière, j'ai fini ma crise de nerfs, je vais au dodo. Bonne nuit à tous ! 

Prends le jet lag violent dans tes dents.

Pour ceux qui m'ont demandé, non je ne souffre pas de désordres digestifs touristiques, à part "burps, j'aurais pas dû finir mon troisième bol de soupe phö". Je ne me suis pas encore empoisonnée à l'eau du robinet qui n'est pas potable, je n'ai pas encore choppé le palu, bref c'est ok.

Mon principal problème, c'est le jet-lag. J'ai énormément du mal à m'endormir le soir, j'ai des coups de barre terrible le matin (pendant que vous dormez béatement dans vos lits, tas de chameaux!), du coup c'est un peu difficile.
Là, par exemple, il est 10h30, je suis à mon bureau, et je pense que mon cerveau est toujours bloqué sur heure française, soit 4h30. Je vais pas tarder à m'encastrer la tête dans mon clavier quand je tomberai endormie net. C'est moche. 

lundi 12 décembre 2011

Correction "rien comme prévu", c'est plutôt "rien de prévu", ou les méthodes de travail à la vietnamienne.

Aujourd'hui, le récit exclusif rien que pour vos beaux yeux intitulé "le jour où j'ai commencé à travailler dans la maison des fous", en référence aux douze travaux d'Astérix pour ceux qui connaissent.

J'ai passé une nuit assez exécrable, malgré la couette où je me suis enroulée j'ai dû remette un pull et des chaussettes pour pouvoir dormir. Je suis en train de tester le prétendu climatiseur "2 ways", il est sur 30 degrés et il me brasse surtout de l'air froid, là.

Bref. Je pars ce matin de chez moi. Je vis dangereusement, j'ai décidé d'y aller à pied pour voir. Je pars à 7h40. Je commence par longer sur 200m la route 4 voies, et il n'y a pas de trottoir (de toute façon, ici les trottoirs servent à garer des scooters ou à se remplir de micro-tables pour manger, pas à marcher dessus). Jusque là, tout va bien, le traffic d'enfer je me suis habituée. La consigne est de marcher lentement, de ne pas faire d'écarts, de ne pas s'arrêter d'un coup, les véhicules passent au large sans problème.
Le problème, le voilà justement: j'ai un énorme croisement entre deux des routes principales, 3 à 5 voies de chaque côté, que je dois traverser pour aller en face puis à gauche.
Là, me voilà un peu plus perplexe. Voire figée sur le bord du trottoir. Je sais que c'est possible, j'ai vu des gens le faire sans problèmes, mais entre le voir et le faire il y a un sacré pas à franchir! Une jeune femme m'aborde en anglais, me demande d'où je viens, où je vais, m'explique qu'elle bosse là à droite, et la voilà qui me prend par le coude comme une mémé pour me faire aller en face. Joie et bonheur. Mais après elle tourne et je dois traverser la deuxième partie toute seule. J'avance un peu pour être en face du portail de l'université, il vaut mieux éviter de traverser aux feux rouges en fait, c'est le meilleur  de se faire emplafonner (nan mais quand je vous dis que rien ne fonctionne comme chez nous...).
J'attends 5 bonnes minutes, histoire d'observer la circulation. Il y a des feux aux 2 bouts de l'avenue, mais pas synchronisés, sinon ce serait trop facile. J'attends que le flot de la circulation se tarisse de mon côté, j'inspire à fond, je me signe, je pleure ma mère et je fais un pas en avant, genre le saut de la foi dans Indiana Jones et la dernière croisade! J'avance. Doucement. Rythme lent mais régulier. Je traverse la première partie de la rue, quasi vide, et là j'arrive dans le flot. Je regarde du coin de l'oeil les voitures et les scooters qui arrivent à ma droite. J'avance toujours. Surtout on ne s'arrête pas! J'avance lentement, sûrement, à petits pas bien régulier. Les scooters et les voitures me contournent tranquillement, pas de freins brusques, pas d'écarts, juste ils passent autour.
Et pof, me voilà arrivée du bon côté en un seul morceau. Jamais je n'aurais pensé que traverser une rue pouvait se révéler si compliqué! Je retiens une petite danse de la joie histoire de ne pas traumatiser les gens qui me regardent. Oui, parce qu'ici, entre ma crinière et mon évidente allure d'occidentale, je détonne sacrément et les gens s'arrêtent souvent de parler pour me regarder en penchant la tête d'un air curieux. Quand on logeait à l'hôtel, on était encore dans un quartier touristique donc on nous regardait mais sans plus, sur le campus de l'université je me découvre un pouvoir de fascination incroyable. Voire un pouvoir hilarant (je ne sais pas pourquoi mais apparemment j'ai un potentiel humoristique que j'avais toujours sous-estimé, rien qu'avec ma figure je fais rire les gens.)

J'arrive enfin à mon bureau. Et là, mes petits amis, je m'en suis allée découvrir le mode de fonctionnement professionnel vietnamien, ou plutôt la non-organisation organisée du travail à la vietnamienne.
Déjà, j'arrive à  8h, il n'y a personne ou presque. Le prénommé Wuu me propose un thé que j'accepte, je découvre qu'il s'agit hélas d'un thé à la chinoise genre vert hyper amer, mais je n'ose le refuser et je le bois en cachant mes grimaces. Astrid, l'autre française qui bosse avec moi, arrive avec une demi-heure dans les dents, son xeom (taxi-moto) s'est perdu en route, c'est une manie. Ce qui en soit n'est pas grave puisqu'on est maintenant 4 sur les 15 de l'équipe.

A son arrivée le patron nous dit bonjour, il est très content mais il a une réunion et nous colle dans les pattes de Miss Thuu, pour qu'elle nous fasse faire le tour des lieux. Elle nous emmène dans le bâtiment d'en face nous présenter au grand big boss, qui n'est pas là non plus, ni la moitié du staff qui a disparu on ne sait où. On retourne dans notre bureau, le chef des designers est en réunion aussi, il s'occupe de nous à 11h. Bref, on passe 2h à regarder le plafond et à lire les panneaux au mur.

A 11h, on nous présente un super projet : ils vont construire un bâtiment tout en équitable avec matériaux et savoir-faire locaux, qui servira à la fois de bureau, des laboratoire et de showroom. On est plutôt contentes, ça fait enfin du concret à se mettre sous la dent, et ça a l'air assez enthousiasmant. A midi, on part manger, notre chef, M.Long, et notre chef designer, M.Phuong (on dit "foo"), nous emmène nous goinfrer de boeuf aux légumes et aux nouilles sautées, c'est pas mal du tout.

Quand on revient et qu'on commence à réunionner avec M.Phuong, ça vire au drame... Il nous fait un meeting avec un néerlandais, qui leur apprend à manager leurs projets (ce type mérite une auréole, je vous le dis), et un canadien qui fait du marketing. On s'aperçoit alors qu'en fait ce beau projet n'est pas du tout commencé, que personne ne sait où on va, qu'ils veulent commencer à compter combien de chaises il faudra alors qu'il n'y a même pas d'étude de marché ou de clientèle définie. C'est ce qu'on appelle chez nous "mettre la charrue avant les boeufs", ici ils sont carrément 800m derrière, les boeufs. Le néerlandais reste impassible devant ce foutoir, il explique calmement qu'il faudrait commencer par savoir à qui on va vendre quoi, puis par qui on va le faire produire avant de commencer à pinailler pour savoir si on prend des agrafeuses roses ou vertes.
A ce stade, je suis atterrée. C'est notre projet principal, il n'est pas question que je me lance dans les études de marché, ou de process, ou de n'importe quoi d'autre, moi je ne suis que graphiste et totalement incompétente pour le reste. Si je dois attendre que les autres aient fait cette partie, j'ai au moins 2 ou 3 moins à rien faire, et ça va pas être possible.
Après la réunion, je m'en ouvre à M.Long. Heureusement, il a un autre projet pour moi en attendant, un nouveau aussi pour lequel il va falloir effectuer toute la promotion depuis la création du logo à un site web en passant par les posters et autres PLV, me voilà sacrément rassurée! Je vais pouvoir m'en occuper d'ici à ce que les autres aient avancé sur le bâtiment et sa conception, ça va déjà me prendre pas mal de temps.

Ce qui est très bizarre avec nos collègues vietnamiens, c'est qu'ils sont pleins d'enthousiasme, ils ont 200 idées à la minute, ils ont toutes les compétences techniques, voire ils maîtrisent plus vite et mieux que nous les logiciels; le problème c'est que ça part dans tous les sens et qu'ils ont énormément de mal à organiser un processus quel qu'il soit. Le néerlandais qui essaie de leur apprendre "on commence par une étude de marché, on concentre nos besoins réels, on fait un planning, on cherche des partenaires financiers, on contacte les producteurs, on fait des prototypes, etc" doit se tirer des balles.
C'est très déstabilisant, pour être honnête, et c'est une école de patience à toute épreuve. Outre la barrière de la langue, bien que j'ai la chance qu'ils parlent tous assez bien anglais, c'est très difficile de mettre les choses à plat et on répète tout quinze fois pour être sûrs d'avoir bien compris.
Ce d'autant plus que les Vietnamiens ne vous diront jamais "non, j'ai rien compris" ou "non je ne suis pas d'accord", ils vont hocher la tête, et on se rend compte après coup qu'ils n'ont rien capté ou qu'ils ne sont pas d'accord. On nous en avait bien averti, car ils ne veulent pas offenser leur interlocuteur avec un "non" massif, considéré ici comme très impoli voire insultant, mais à vivre c'est assez déroutant.

Pour nous remettre de nos émotions, avec Astrid on est allé faire un tour dans le parc en sortant, on s'est posé au bord du lac avec une petite bière (moins d'un euro, vous pouvez pleurer), et ça nous a bien détendues de pouvoir caqueter toutes les deux de notre ressenti. Après je suis rentrée chez moi et là rigolade : il a fallu traverser de nouveau la grosse route. De nuit...
Bon en fait ça se fait. Je pense que je finirai peut-être même par m'habituer (ou pas). Heureusement j'ai un manteau rouge bien flash, ils ne risquent pas de ne pas me voir. Pis en plus si on me rentre dedans, c'est le rentreur-dedans qui est en tort automatiquement (bon ok ça me fait une belle jambe)!

Enfin voilà. Là j'attends mes colocataires pour manger, il fait un froid de gueux dans la maison qui est isolée comme une passoire, et le chauffage ne souffle que de l'air froid depuis le temps que j'ai commencé à vous raconter ma journée. Je sens venir une nouvelle séance très très laborieuse avec le proprio, qui commence sérieusement à me courir sur le haricot. Autant certains vietnamiens sont d'une gentillesse à tout épreuve, autant lui me fait l'impression d'être parmi ceux pour qui les étrangers sont forcément des abrutis à tondre autant que possible... Je commence à me demander aussi s'il parle vraiment mal anglais ou s'il fait exprès de bafouiller pour embrouiller les choses. S'il le faut, je vais faire venir la stagiaire vietnamienne de Batik parce que je passe pas l'hiver sans chauffage du tout (oui je sais, je suis une sale décadente occidentale chochotte). Je vous dirais comme ça tourne, pas au vinaigre j'espère...

A bientôt tous pour de nouvelles aventures!















dimanche 11 décembre 2011

J'ai une maison, un taïwanais au 2ème étage, un beau-père de proprio ingénieur et un lit sans draps ou presque.

Ola public,

Aujourd'hui, je pensais pouvoir emménager tranquillement et que ma journée se déroule en petits achats pour s'installer. Soit, à la française, récupérer les clés, dire merci au monsieur, et hop en avant. Erreur, grave erreur, ô infame fourmi occidentale que je suis!

A 14h pétante, heure du rendez-vous avec le proprio, nous voici, Emmanuelle, Manon et moi, débarquant la bouche en coeur. Là, première surprise, on découvre qu'il y en fait quelqu'un dans la maison, un taïwanais que le proprio expulse purement et simplement pour qu'on puisse s'installer. Du coup on accepte de le garder quelques jours, qu'il puisse se trouver un autre logis. Déjà, discussion d'une heure avec le proprio à ce sujet, qui finit par appeler Chau Mi, sa nièce qui parle bien mieux anglais que lui, bref tout ça n'est pas simple. J'espère juste qu'il ne nous fera pas dégager un jour en 24h sous le fallacieux prétexte qu'il a trouvé un meilleur locataire, même si on a un contrat pour six mois...

Sur ce, débarque le beau-père dudit proprio, un vieux monsieur charmant d'environ 80 ans, ingénieur en chimie lourde de son état, qui parle un excellent français. Il nous fait offrir des mangues fraiches par sa fille, nous interroge sur la raison de notre venue, etc etc. Il habite 2 maisons plus loin, et nous invite à venir prendre le thé chez lui quand ça nous plaira. Pof, une autre heure dans les dents.

Arrivent ensuite dans l'heure suivante Xavier, puis Joachim qui s'était perdu en route parce qu'il s'était trompé de lac (oui il y a pleins de lacs dans Hanoi et on est jamais près du bon, en gros). A chaque fois il faut aller chercher les gens au bord du lac et les ramener à la maison, vu le dédale de rues impossible de trouver si on ne connait pas. Comme ils vont peut-être venir habiter avec nous, vu qu'il y a 5 chambres, on leur fait faire le tour du propriétaire.

Entretemps, on taille une bavette avec notre voisin de gauche, Monsieur Maurice, un français comme son nom l'indique, puis sa femme, Madame Hang, vietnamienne comme son nom l'indique. Comme il n'y a ni couettes ni draps dans la maison (à part des choses assez informes baptisées pompeusement "couettes" par le proprio, qui ressemblent plutôt à un tapis pour chien de mon point de vue), Madame Hang nous indique Vincon, un gros centre commercial où on trouve de tout.

Sur sa recommandation, on saute dans un taxi où on s'entasse tous en quinconce. Oui, ici on oublie les règles du type "mets ta ceinture, pas à 4 derrière sur la banquette", en fait tout le monde s'en fout et ça sert à rien vu qu'une voiture ne dépasse JAMAIS le 20km/h à cause des hordes de scooter aux alentours.

On se rend à Vincon en 20min. Drame. C'est un énorme mall à l'occidentale, le premier corner en rentrant c'est "L'occitane en Provence", histoire de vous donner le niveau, le suivant c'est Gucci, Chanel, etc. On tente quand même un magasin de couettes, où il n'y a rien à moins de 2Millions de Dong, soit environ 60euros. Je braille que je veux une couette et que je refuse de dormir dans le tapis pour chien, même une nuit ; comme on a faim, on décide de réfléchir et on sort manger. On trouve un sushi shop et on y rentre en ricanant. On veut tester les sushis sur place pour savoir si on va mourir par manque de poisson cru en six mois ou pas.
En France, ça vous paraîtrait un infâme bouiboui à faire appeler tout de suite le service d'hygiène, localement c'est déjà assez bon niveau. Ici il faut oublier aussi des notions telles que "la table en formica a une hygiène louche", ou "ce sont des baguettes à usage unique".  C'est plutôt "le pot de sauce soja fermente encore je crois", "je me demande ce qui est incrusté dans mon glaçon, le truc bizarre là" ou "c'est super bon, mais je sais même pas ce que je suis en train de manger." Et, horreur, ils mettent des glaçons dans la bière, ça surprend un peu au début mais on s'habitue.

On rentre à la maison sans couette. Je suis fatiguée, je suis grognon, il est déjà 19h et on a toujours rien acheté pour la maison. Ha si. Des tas de détergents. Notre ami taïwanais, surnommé par lui-même Kevin pour raison de commodité, a une soi-disant house maid, qui passe la journée à la maison pendant qu'il bosse, il paraît qu'elle fait le ménage, la lessive, la cuisine. Pour ce qui est de la lessive et de la cuisine, je ne sais pas, mais il est clair qu'elle et moi n'avons pas du tout la même notion du ménage. Cette baraque est infâme, même si on nous avait promis un grand nettoyage. Qui n'a pas été fait. De toute façon il faut en prendre son parti, ici rien ne se passe comme c'était prévu. C'est tout. Quand on le sait, c'est pas grave, on prend son mal en patience et on attend.  Je ne recommanderai pas ce pays à des gens impatients...

On raconte à Kevin notre histoire de couette ratée. Il propose de nous emmener, malgré l'heure tardive, acheter des couettes. Il semble ne conserver aucune rancoeur envers nous du fait qu'il se fait proprement mettre à la porte par notre faute, nous emmène, nous paye même le taxi (ok ça fait environ 2euros mais quand même), nous guide vers le magasin approprié. Nous sommes épatées et même presque gênées qu'il soit si serviable. Pof, nous voilà de nouveau dans un mall, mais un peu moins onéreux. Après moult débat, on achète des couettes. Puis un set de drap. Enfin ce que je croyais être un set de drap. Je viens de découvrir qu'il n'y a qu'un drap housse pour le matelas. Rien comme prévu, disais-je...

On rentre. Il est bientôt 22h. On décide de faire les comptes vite fait et d'aller se coucher parce que demain première journée de boulot. Ca sonne. Le proprio est à la porte. Il vient nous expliquer une sombre histoire d'internet (lequel était sensé être installé mais non. Rien comme prévu, je crois que vous commencez à piger le concept). Il prétend nous faire payer la connexion et un deposit, là on décide que non, en fait, ça va pas être possible, on nous a vendu une maison avec internet, on veut bien être sympa mais y a des limites. On appelle l'agent immobilier qui parle anglais, on lui explique, on lui passe le proprio, ils s'expliquent en vietnamien, il nous réexplique en anglais, on essaie de mettre au point avec le proprio mais ça passe pas. Kevin descend de sa chambre, il s'explique avec le proprio difficilement, nous explique, on met une heure à se comprendre les uns les autres. Patieeeeeeeeeeeeeeeeeeeeence.

Bref. Il est minuit, j'ai ouvert ma valise juste pour en sortir mon pyjama, fait mon lit sans draps autre que celui du matelas, lequel matelas est une vraie planche en fait, et je suis enroulée dans ma couette. Je vais manger du chocolat, là. (à ce propos j'ai croisé une plaquette Lindt 70% cacao, elle vaut une dizaine d'euros, j'ai bien fait d'emmener du stock).

Demain j'ai ma première journée officielle de taf. Je l'imagine déjà.... Rien comme prévu!