dimanche 11 décembre 2011

J'ai une maison, un taïwanais au 2ème étage, un beau-père de proprio ingénieur et un lit sans draps ou presque.

Ola public,

Aujourd'hui, je pensais pouvoir emménager tranquillement et que ma journée se déroule en petits achats pour s'installer. Soit, à la française, récupérer les clés, dire merci au monsieur, et hop en avant. Erreur, grave erreur, ô infame fourmi occidentale que je suis!

A 14h pétante, heure du rendez-vous avec le proprio, nous voici, Emmanuelle, Manon et moi, débarquant la bouche en coeur. Là, première surprise, on découvre qu'il y en fait quelqu'un dans la maison, un taïwanais que le proprio expulse purement et simplement pour qu'on puisse s'installer. Du coup on accepte de le garder quelques jours, qu'il puisse se trouver un autre logis. Déjà, discussion d'une heure avec le proprio à ce sujet, qui finit par appeler Chau Mi, sa nièce qui parle bien mieux anglais que lui, bref tout ça n'est pas simple. J'espère juste qu'il ne nous fera pas dégager un jour en 24h sous le fallacieux prétexte qu'il a trouvé un meilleur locataire, même si on a un contrat pour six mois...

Sur ce, débarque le beau-père dudit proprio, un vieux monsieur charmant d'environ 80 ans, ingénieur en chimie lourde de son état, qui parle un excellent français. Il nous fait offrir des mangues fraiches par sa fille, nous interroge sur la raison de notre venue, etc etc. Il habite 2 maisons plus loin, et nous invite à venir prendre le thé chez lui quand ça nous plaira. Pof, une autre heure dans les dents.

Arrivent ensuite dans l'heure suivante Xavier, puis Joachim qui s'était perdu en route parce qu'il s'était trompé de lac (oui il y a pleins de lacs dans Hanoi et on est jamais près du bon, en gros). A chaque fois il faut aller chercher les gens au bord du lac et les ramener à la maison, vu le dédale de rues impossible de trouver si on ne connait pas. Comme ils vont peut-être venir habiter avec nous, vu qu'il y a 5 chambres, on leur fait faire le tour du propriétaire.

Entretemps, on taille une bavette avec notre voisin de gauche, Monsieur Maurice, un français comme son nom l'indique, puis sa femme, Madame Hang, vietnamienne comme son nom l'indique. Comme il n'y a ni couettes ni draps dans la maison (à part des choses assez informes baptisées pompeusement "couettes" par le proprio, qui ressemblent plutôt à un tapis pour chien de mon point de vue), Madame Hang nous indique Vincon, un gros centre commercial où on trouve de tout.

Sur sa recommandation, on saute dans un taxi où on s'entasse tous en quinconce. Oui, ici on oublie les règles du type "mets ta ceinture, pas à 4 derrière sur la banquette", en fait tout le monde s'en fout et ça sert à rien vu qu'une voiture ne dépasse JAMAIS le 20km/h à cause des hordes de scooter aux alentours.

On se rend à Vincon en 20min. Drame. C'est un énorme mall à l'occidentale, le premier corner en rentrant c'est "L'occitane en Provence", histoire de vous donner le niveau, le suivant c'est Gucci, Chanel, etc. On tente quand même un magasin de couettes, où il n'y a rien à moins de 2Millions de Dong, soit environ 60euros. Je braille que je veux une couette et que je refuse de dormir dans le tapis pour chien, même une nuit ; comme on a faim, on décide de réfléchir et on sort manger. On trouve un sushi shop et on y rentre en ricanant. On veut tester les sushis sur place pour savoir si on va mourir par manque de poisson cru en six mois ou pas.
En France, ça vous paraîtrait un infâme bouiboui à faire appeler tout de suite le service d'hygiène, localement c'est déjà assez bon niveau. Ici il faut oublier aussi des notions telles que "la table en formica a une hygiène louche", ou "ce sont des baguettes à usage unique".  C'est plutôt "le pot de sauce soja fermente encore je crois", "je me demande ce qui est incrusté dans mon glaçon, le truc bizarre là" ou "c'est super bon, mais je sais même pas ce que je suis en train de manger." Et, horreur, ils mettent des glaçons dans la bière, ça surprend un peu au début mais on s'habitue.

On rentre à la maison sans couette. Je suis fatiguée, je suis grognon, il est déjà 19h et on a toujours rien acheté pour la maison. Ha si. Des tas de détergents. Notre ami taïwanais, surnommé par lui-même Kevin pour raison de commodité, a une soi-disant house maid, qui passe la journée à la maison pendant qu'il bosse, il paraît qu'elle fait le ménage, la lessive, la cuisine. Pour ce qui est de la lessive et de la cuisine, je ne sais pas, mais il est clair qu'elle et moi n'avons pas du tout la même notion du ménage. Cette baraque est infâme, même si on nous avait promis un grand nettoyage. Qui n'a pas été fait. De toute façon il faut en prendre son parti, ici rien ne se passe comme c'était prévu. C'est tout. Quand on le sait, c'est pas grave, on prend son mal en patience et on attend.  Je ne recommanderai pas ce pays à des gens impatients...

On raconte à Kevin notre histoire de couette ratée. Il propose de nous emmener, malgré l'heure tardive, acheter des couettes. Il semble ne conserver aucune rancoeur envers nous du fait qu'il se fait proprement mettre à la porte par notre faute, nous emmène, nous paye même le taxi (ok ça fait environ 2euros mais quand même), nous guide vers le magasin approprié. Nous sommes épatées et même presque gênées qu'il soit si serviable. Pof, nous voilà de nouveau dans un mall, mais un peu moins onéreux. Après moult débat, on achète des couettes. Puis un set de drap. Enfin ce que je croyais être un set de drap. Je viens de découvrir qu'il n'y a qu'un drap housse pour le matelas. Rien comme prévu, disais-je...

On rentre. Il est bientôt 22h. On décide de faire les comptes vite fait et d'aller se coucher parce que demain première journée de boulot. Ca sonne. Le proprio est à la porte. Il vient nous expliquer une sombre histoire d'internet (lequel était sensé être installé mais non. Rien comme prévu, je crois que vous commencez à piger le concept). Il prétend nous faire payer la connexion et un deposit, là on décide que non, en fait, ça va pas être possible, on nous a vendu une maison avec internet, on veut bien être sympa mais y a des limites. On appelle l'agent immobilier qui parle anglais, on lui explique, on lui passe le proprio, ils s'expliquent en vietnamien, il nous réexplique en anglais, on essaie de mettre au point avec le proprio mais ça passe pas. Kevin descend de sa chambre, il s'explique avec le proprio difficilement, nous explique, on met une heure à se comprendre les uns les autres. Patieeeeeeeeeeeeeeeeeeeeence.

Bref. Il est minuit, j'ai ouvert ma valise juste pour en sortir mon pyjama, fait mon lit sans draps autre que celui du matelas, lequel matelas est une vraie planche en fait, et je suis enroulée dans ma couette. Je vais manger du chocolat, là. (à ce propos j'ai croisé une plaquette Lindt 70% cacao, elle vaut une dizaine d'euros, j'ai bien fait d'emmener du stock).

Demain j'ai ma première journée officielle de taf. Je l'imagine déjà.... Rien comme prévu!






3 commentaires:

  1. Et bé, faut respirer un bon coup, va y avoir quelques jours encore un peu funky et ça devrait se régulariser. Contente que le voyage se soit bien passé et que l'installation... euh... progresse. ;)

    RépondreSupprimer
  2. Wosh mazette. Qui a dit "dépaysement"?
    La bonne nouvelle c'est que vous avez une maison, hein, ça pourrait être pire! Bon c'est sur qu'il faut encore des ajustements, mais ça va bien se passer. Et déjà tu as une couette, le grand luxe!

    J'espère que malgré toutes ces aventures tu as la forme. Ca fait vraiment plaisir de te lire, et j'ai hâte de voir les premières photos.

    Des bisous

    RépondreSupprimer
  3. Pour les photos ça devra attendre encore un peu, j'ai trouvé mon cable mais je suis pour le moment sur une connexion wifi gratuite très très pourrie qui ne voudra jamais charger mes photos. Dès qu'on en récupère une correcte, je vous mets ça en ligne :)

    RépondreSupprimer