jeudi 31 mai 2012

Cambodge, jour 3: Angkor Vat, éléphant et crocodile burger!

Cher tout le monde,

Troisième et dernière journée de visite des temples qui fut ô combien riche et prolifique. La matinée entière était reservée à Angkor Vat, ce qui se justifie étant donné l'aspect colossal de la chose. C'est tout de même considéré comme le plus grand édifice religieux du monde, ça vous pose un temple tout de même. Effectivement, c'est énorme. Heureusement, les bas-reliefs sont dans des galeries couvertes, vu qu'il faisait bien chaud et que le soleil cognait dehors. Tout le premier niveau est couvert de fresques qui racontent diverses histoires de la mythologie locale, sur des dizaines de mètres, c'est vraiment impressionnant. C'est tellement grand qu'on ne peut même pas vraiment prendre de photo d'ensemble, tellement c'est étalé, ça fourmille de détails, de personnages sacrés, de récits de batailles, d'animaux légendaires, des scènes divines, c'est sans fin.
Et il y a des apsaras. Dès qu'on sort des galeries avec les fresque, on en croise à tous les coins, sur tous les murs, toutes les portes. Des apsaras partout, de toute beauté. Je vous passerai les 3484720 photos que j'ai faites en poussant des petits cris hystériques, mais en voici tout de même quelques unes.





Ho, des apsaras!

Ho, encore d'autres apsaras! (non mais franchement ne sont-elles pas magnifiques?)
Le temple s'étale sur trois niveaux, arrivé au dernier, nous avons eu un épisode cocasse (je le raconte avant que Juliette le fasse à sa façon et se gausse de moi allègrement). Tout en haut, c'est la partie qui est encore consacrée avec des Bouddhas "en activité" si je puis dire. Du coup il faut être habillé décemment, j'avais un débardeur et une longue étole drapée sur mes épaules, mais les étoles ça n'est pas permis, non madame vous ne montez pas. Pourtant je pensais que ça irait, en Italie je me baladais toujours avec un très grand foulard pour me le mettre sur les épaules dans les églises et ça n'a jamais posé problème.
Du coup je laisse monter Juliette qui, elle, avait les épaules couvertes contrairement à la gourgandine que je suis. En redescendant comme elle voyait que j'étais un peu déçue, on a cherché un couloir obscur et peu fréquenté pour échanger nos tee-shirts en se cachant derrière l'étole et en braillant "allez dépêêêêêche!" "oui mais avec la sueur mon truc il est tout collé à moiiiiii!". Un peu comme si on s'était déshabillé dans un recoin obscur de Notre Dame à Paris, honte sur moi qui suis une impudique hétaïre dotée de débardeur indécent offensant la morale bouddhique.
Bref, l'épisode ridicule du jour, une fois affublée de la blouse décente de Juliette, j'ai pu monter aussi et c'est vrai qu'il y a une belle vue, de là-haut. Et puis bon ça aurait été un peu idiot de venir jusque là et de ne pas monter. Soit dit en passant, l'escalier est extrêmement escarpé au dernier niveau, ils ont placé un escalier en bois pour que les gens ne se tuent pas en route, et même là il faut rester prudent, surtout à la descente. L'explication est que le sommet est consacré au divin, et la pente vertigineuse de l'escalier illustre la difficulté pour les hommes à accéder au monde des dieux.


Devinez quoi, une apsara...


Bon ok j'ai déjà mis trop d'apsaras mais celle-là, elle a encore des traces de rouge à lèvres!
Au sortir d'Angkor Vat, Juliette essaie de sympathiser avec un congénère peu enchanté qu'elle ait essayé de lui tirer la queue... 
Après une habituelle pause piscine sieste, nous voici reparties en tuk tuk pour la porte des génies. Sur les bords du pont, génies d'un côté et démons de l'autre, qui tirent la queue du serpent cosmique dans l'épisode du barattage de la mer de lait (tout ça est encore un peu obscur à mes yeux, il faut vraiment que je révise ma mythologie hindoue). Au bout, la porte d'Angkor Tom, qui mène au Bayon, surmontée d'une tour où figurent des têtes de Bouddha. Là déjà, c'est classe. Mais après c'est devenu encore mieux, parce qu'on a abandonné pour un moment notre tuk tuk préféré pour...


... un éléphant, oui madame! On a fait le chemin entre la porte d'Angkor Tom et le Bayon en éléphant! Nan mais si ça c'est pas formidable, tout de même? Ca nous a franchement mises en joie, avouons-le, et on a gloussé sur tout le trajet. On a d'ailleurs eu un gros succès auprès des gens qui passaient et qui nous montraient du doigt, épatés, pendant que nous dominions le monde depuis notre royale monture.
Ca a pris un moment parce que ça ne va pas très vite, un éléphant, surtout le nôtre qui a décidé à un moment de s'arrêter faire une pause casse-croute. Forcément, il y avait un gros tas d'herbe fraichement tondue sur le chemin, c'était trop tentant. Inutile de vous préciser que quand l'éléphant a décidé qu'il ne bougeait plus, le guide peut tirer tout ce qu'il veut, autant pisser dans un violon comme on dit!

Ca manque un peu d'esclaves qui agitent des parasols et de danseuses sacrées pour nous ouvrir la route, mais c'était pas mal quand même hein. On remercie notre gentil chauffeur de tuk tuk qui nous a immortalisées sur notre fier destrier devant le Bayon, c'est quand même assez classe! 

Juliette qui fait la danseuse sacrée devant le Bayon.
Le Bayon est un endroit assez étrange. Il est composé de nombreuses tours qui sont toutes ornées de quatre visages de Bouddha. Il n'y en a pas un semblable aux autres, et ça fait un drôle d'effet d'être entouré par tous ces visages aux yeux mi-clos et au sourire serein, dont certains ont été à moitié effacé par le temps.




Terminé en beauté avec la célèbre terrasse des éléphants, qui fait plus de 350m de long, d'où les rois siégeaient pour les cérémonies et les spectacles. Juste derrière se situe la terrasse du Roi Lépreux,
"doit son nom à une petite statue asexuée que l'on pense être la statue du roi Yasovarman qui serait mort de la lèpre. Mais l'autre explication est que cette statue représenterait Yama, le dieu des morts, et la terrasse du Roi Lepreux aurait été en fait un crématorium royal. " Quel qu'ait été son usage, les frises sont remarquables encore une fois de finesse et valent le détour.







Nous avons finalement quitté le parc d'Angkor avec l'orage qui menaçait de tomber, un peu tristes de partir déjà et dans le même temps assez émerveillées de tout ce qu'on a pu visiter en l'espace de quelques jours. C'est vraiment une chance incroyable d'avoir pu être là et de voir tout ce qu'on a vu.

Le soir, on est allé à l'hôpital pour enfant Jayavarman VII. Ce dernier est tenu par un médecin suisse, dit "Beatocello", qui joue remarquablement du violoncelle et donne un concert tous les samedis pour récolter des fonds. Dans le même temps, il vous parle de la situation financière et surtout sanitaire au Cambodge, ce qui a tendance à vous coller une vieille claque derrière la nuque. Bienvenu à la réalité du pays après avoir fait les gros touristes... Je ne saurai trop dire mon admiration pour cet homme, qui depuis 30 ans récolte des fonds privés dans le monde entier pour faire tourner les 5 hôpitaux qu'il a montés, où les enfants viennent des quatre coins du pays et sont soignés totalement gratuitement. Tous les chiffres qu'il vous sort ont tendance à vous assommer un peu, tant ça parait effarant à nos yeux d'occidentaux bien confortables.

Comme a dit Juliette, c'est là qu'on peut dire merci pour être né en France et qu'on y est vraiment pas si mal lotis que ça. On a beau ronchonner et râler pour tout en bons français jamais contents, quand tu sais par exemple que 65% des Cambodgiens sont porteurs de la tuberculose suite aux exactions des Khmers Rouges, ou que 60% des gamins qui atterrissent à l'hôpital décéderaient par manque de soin si leurs parents ne traversaient pas tout le pays en mobylette pour les ramener là... tu mets tes petites histoires chouineuses de sécurité sociale et de gouvernement et blablabla dans ta poche et tu te tais. Si si, tu te tais.

Je pense que c'est une des grandes leçons que je retiendrai de mon séjour en Asie : on a de la chance, beaucoup de chance, de vivre en France, d'avoir le système politique qu'on a, les conditions de vie, la richesse et les libertés qu'on a. Je ne dis pas que tout est rose chez nous, bien entendu, il y a évidemment des choses qui ne vont pas trop non plus, mais quand tu as vu un peu ce qui se passe ailleurs, finalement on est vraiment des privilégiés.

Bref, après ce cri du coeur un peu sérieux, il ne faudrait pas rester sur cette note tragique et je vous raconte la fin de notre soirée. On avait déjà prévu de faire plein de choses idiotes mais du coup on a un peu culpabilisé quand même en sortant de l'hôpital. On a laissé des sous, ils appelaient également les jeunes à donner leur sang car ils sont en plein dans une épidémie violente de dengue. J'aurais bien aimé le faire mais étant donné que je suis potentiellement porteuse du palu, je me suis dit que j'allais éviter de le refiler aux gamins qui sont déjà en état de choc hémorragique. Ils ont bien expliqués qu'ils sont aussi rigoureux qu'en Europe à ce niveau et refusent d'abaisser les critères de sécurité de don de sang sous prétexte qu'ils sont dans un pays pauvre ; on le leur a reproché, sous le prétexte qu'il fallait s'adapter aux moyens du bord, et là je me dis qu'on marche sur la tête. Bonjour, déjà vous êtes pauvres, ben alors on va vous soigner de façon merdique!  Ok ok j'arrête, mais ça m'énerve...

Donc disais-je, nous culpabilisions un peu mais après on a essayé de se raisonner en se disant que le tourisme, c'est aussi ça qui fait vivre une bonne partie de la population à Siem Reap (la vieille excuse). Donc finalement on a pratiqué quelques activités particulièrement idiotes qui nous ont mises en joie.

Première étape : on s'est fait manger les pieds par des poissons. Oui je sais dit comme ça c'est un peu étrange, mais véridique. En fait dans le centre il y a des gros aquariums avec des bancs tout autour, tu t'assois dessus, tu mets tes pieds dans l'eau, et là des tas de petits poissons se précipitent sur tes délicats petons. C'est un peu répugnant dans le principe, parce que ces délicats poissons argentés mangent les peaux mortes de tes pieds, ce qui est assez étrange mais laisse ta peau douce comme jamais. En revanche, les cinq premières minutes, ça chatouille horriblement! Déjà moi je suis assez sensible donc je poussais des tas de gloussements, mais je gloussais encore plus de voir Juliette tressauter et hululer de rire à côté de moi, vu qu'elle est encore plus chatouilleuse. J'ai vraiment cru qu'elle allait en faire pipi dans sa culotte (moi aussi honnêtement), à force de rire comme ça. Au début on s'est dit que les gens allaient nous prendre pour des tarées, mais plus tard d'autres visiteurs sont venus aussi se faire manger les pieds, particulièrement une dame chinoise qui gloussait et criait encore plus que nous, donc apparemment c'est normal.

Mises en joie par 20 minutes de ce traitement, on a cherché où manger et là on est tombé sur un concept mortel qui a aussitôt remporté notre adhésion : le burger de crocodile! Oui vous avez bien lu, du crocodile, en burger! Ils en élèvent beaucoup dans des fermes aux alentours, pour le cuir principalement, et pour la viande aussi. Ca a un goût assez étrange, c'est très dense et très compact comme viande, avec un goût de viande un peu fumée et un arrière-goût de poisson; c'est extrêmement surprenant et pas mauvais du tout. Du coup on s'est empiffré ça, accompagnés de "mojitos khmers" au gingembre ou au poivre, qui était du dernier délicieux.

Dans la même journée, nous avons donc accumulé Angkor Vat, l'éléphant, le Bayon, l'hôpital, les poissons, le crocodile, excusez du peu! Mon seul regret maintenant, c'est de n'avoir pas pu rester plus longtemps pour parcourir le pays, qui a l'air assez fascinant dans son ensemble. On n'a vu quasiment que les temples et un petit peu la ville de Siem Reap, j'aurais adoré aller à Phnom Pen et sillonner un peu les alentours. Mais je me dis aussi que ce n'est que partie remise... Un jour, je reviendrai!

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