lundi 14 mai 2012

Ca s'active, ça s'active!

Chers lecteurs insatiables de mes palpitants récits sans lesquels votre vie serait si morne et désespérée,
(nan ça y est j'ai la grosse tête parce que ce week-end 3 personnes au moins m'ont parlé de mon blog qui les faisait beaucoup rire)

C'est lundi matin et c'est dur. C'est qu'on n'a plus vingt ans, ma bonne dame, et deux foires monstre dans le week-end, ça fait beaucoup. Il faut dire que vendredi soir, enfin plutôt samedi matin, je suis rentrée à 6h du matin, après avoir dîné avec les collègues et surtout Sarah qui quittait le Vietnam, après on a bu un verre avec eux, après on a rejoint mes copains pour que Sarah leur dise au revoir, après on a encore rebu des coups, après Sarah a regardé l'heure en se disant qu'elle arriverait jamais à se lever pour son avion si elle se couchait maintenant, après on a décidé de pas dormir de la nuit pour qu'elle rate pas son avion, après on a rebu en essayant de lui expliquer des concepts français linguistiques comme "bitonio" (et d'autres franchement pas racontables, elle peut dire maintenant plein d'horreur en français, c'est beau l'interculturel), après on s'est fait mettre à la porte du Hanoi Rock City, après on a eu l'idée idiote d'aller se baigner dans le lac à Tay Ho, après on a pataugé dans l'eau tiède et la vase, après on a mangé un burger au Puku parce qu'à 4h30 on avait un creux, après j'ai largué Sarah chez elle à 5h30 et elle avait pile le temps de sauter dans une douche et de prendre sa valise, pas de dormir. Mission accomplie.

Le problème c'est que samedi soir on a remis ça, parce que Manon avait envie de sortir faire la fête, et que pour une fois il y avait de la bonne musique. Des DJ berlinois jouaient au American Club, on a oublié de dîner, quand on est arrivé personne ne bougeait ses fesses, donc on a commencé à danser un peu pieds nus dans la pelouse, donc les gens ont commencé à se remuer un peu, du coup tout le monde s'y est mis, et finalement on a passé une très bonne soirée. On est pas rentré si tard, mais dans un état de jovialité plus ou moins avancé suivant les cas, et avec Manu on a refait le monde dans sa piaule jusqu'à pas d'heure. Du coup quand le voisin a commencé à faire de la perceuse à 7h30 le dimanche matin, ça a été un peu difficile.

Et le meeting général du lundi matin que tu découvres en arrivant que c'est à 10h et que c'est toi qui présente ton travail, c'est violent. Mais bon ça c'est bien passé, ils sont contents de mon travail et ça fait plaisir de se dire que ça va finalement aboutir, tout ça.

Je vais essayer de reprendre un peu les récits de vacances en retard, et j'en ai pas mal à mon compteur. Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour écrire, mine de rien ça me prend du temps, et en ce moment j'ai du travail (devrais-je vraiment confesser que je fais parfois ça pendant les heures de boulot, où j'attends derrière mon bureau une information qui me permettrait d'avancer, tel le yuca dépérissant près de la machine à café?). Ca me met plutôt en joie, d'un certain côté, d'être bien occupée. Jusqu'à présent j'avais une grosse frustration: les seuls projets réellement aboutis étaient ceux que j'avais fait avec Rebecca, avec l'UNIDO, bref que des choses réalisées avec d'autres étrangers. De ce qui est cent pour cent vietnamien, rien du tout, ça traîne toujours, ça n'avance pas, et je sais bien que l'Asie est une grande école de patience pour moi, mais ça me rendait un peu dingue.

Hors donc, à mon bureau c'est un peu l'excitation d'un coup, car en revenant de Ho Chi Minh je leur ai dit "Bon, c'est très simple, il reste un mois et trois semaines avant que je m'en aille, oui oui c'est passé vite, donc si vous voulez que je termine ne serait-ce qu'un seul projet, il faudrait voir à s'activer MAINTENANT!" Stupeur et ahurissement, ils ont réalisé qu'il allait falloir se bouger un peu, je les course dans les allées de notre open space, je saute sur les gens au sortir de la sieste et je vais les voir cinq fois par jour jusqu'à ce que j'ai ce dont j'ai besoin. (Dans votre tête, imaginez-moi, grande saucisse hippopotame blonde, qui passe lentement la tête depuis la cloison en bambou avec un sourire de psychopathe, l'oeil torve et la bave aux lèvres pour dévisager mes collègues vietnamiens en sussurant "Wouhou... le prooojeeeeeeet...". Les pauvres. Avec Astrid on les aura bien traumatisés).

En fait je réalise maintenant que j'aurais dû faire ça bien avant, parce qu'il n'y a que comme ça que ça marche, hélas. Je regrette un peu maintenant ma "timidité" du début. En dehors de la fatigue cataclysmique du jet-lag, je suis restée très longtemps hésitante et n'osant pas toujours mettre les pieds dans le plat. Je sentais bien qu'ici c'était très différent, et surtout je ne voulais pas choquer les gens en faisant l'occidentale aux gros sabots de colonialiste qui sait tout mieux que tout le monde et débarque en assénant toutes ses vérités.

Ce raisonnement se justifiait dans le sens où j'ai appris à mes dépens, si je puis dire, que nos cultures sont effectivement si différentes qu'au point de vue graphique, j'avançais dans un terrain miné en permanence ; des choses pleines de sens pour moi n'en avait aucun pour eux, ou pire encore voulait dire quelque chose sans aucun rapport avec mon intention de base. Cette retenue ne se justifiait pas cependant dans le sens où, effectivement, pour ce qui est de la créativité pure et dure, de la réalisation, et de la méthode de travail, j'ai des connaissances que mes amis vietnamiens n'ont pas, indéniablement. Ca n'est pas dans leur mentalité, ça n'est pas leur façon de faire, ça ne correspond pas à leur formation, bref il y a des choses que je sais faire, et bien faire, mais pas eux.

Du coup, j'avance un nouveau site web beaucoup plus clair et concis que celui qu'ils ont actuellement, qui est un peu fouillis. Je bosse des logos pour des marques et des projets qui vont bientôt être activés. J'ai aussi une brochure dont je dois refaire la façade qui traîne dans un coin. Bref, ça fait pas mal de choses et je ne suis pas sûre que j'aurais le temps de tout faire avant de partir, mais au moins ça fait plaisir que ça avance un peu.

Néanmoins, rassurez-vous, je travaille un petit peu aussi sur mon récit de vacances avec mon père à la baie de Ha Long, et mon séjour à Ho Chi Minh. Tout ça va arriver quand j'aurais fini de digérer mon week-end. A très bientôt donc pour de nouvelles aventures!


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